Le 3 décembre dernier, les forces de l’ordre ont interpellé Moussa Tchangari, secrétaire général de l’ONG Alternative Espaces Citoyens et défenseur des droits humains, à son domicile à Niamey. En effet, les autorités l’accusent d’atteinte à la sûreté de l’État, d’apologie du terrorisme et d’association de malfaiteurs en lien avec le terrorisme.
Ces accusations, particulièrement graves, suscitent un vif débat autour de la répression des voix dissidentes au Niger.
Une arrestation aux contours opaques
Tout d’abord, l’interpellation de Moussa Tchangari s’est déroulée dans des circonstances troublantes. Des hommes non identifiés ont fait irruption chez lui. Ils ont emporté son ordinateur, son téléphone portable et une valise. De plus, pendant près de 48 heures, ses proches et son organisation sont restés sans nouvelles de son lieu de détention. Finalement, le 5 décembre, il a été localisé au Service central de lutte contre le terrorisme et la criminalité transfrontalière organisée, ce qui a permis d’apaiser quelque peu les inquiétudes.
L’ONG réagit fermement
Face à cette situation, l’association Alternative Espaces Citoyens a immédiatement dénoncé cette interpellation, qu’elle juge arbitraire, et a exigé sa libération immédiate. Par ailleurs, dans un communiqué, l’ONG a qualifié ces actes de « rétrogrades » et de « traitements cruels ». Elle a également rappelé le rôle déterminant de Moussa Tchangari dans la défense des droits civiques au Niger. Depuis le coup d’État de juillet 2023, qui a porté Abdourahamane Tiani au pouvoir, ce militant n’a cessé de critiquer ouvertement le régime en place, ce qui en fait une cible privilégiée.
Une voix critique sous pression
En outre, Moussa Tchangari s’est toujours illustré comme un fervent défenseur de la démocratie et des droits de l’homme. En raison de son soutien affiché à Mohamed Bazoum, l’ancien président renversé, il est devenu un symbole de résistance pour certains et une menace pour d’autres. De ce fait, son interpellation soulève des interrogations majeures sur l’espace accordé à l’opposition et à la société civile dans un pays confronté à une crise politique profonde.
Les prochaines étapes
Pour l’instant, ses avocats ont pu le rencontrer en détention et confirment qu’il se porte bien, tant physiquement que mentalement. Cependant, son avenir reste incertain. En effet, son audition prévue dans les prochains jours sera déterminante pour la suite de cette affaire. Par ailleurs, de nombreuses organisations nationales et internationales suivent ce dossier de près, craignant une dérive autoritaire du régime en place.
Un enjeu majeur pour la démocratie nigérienne
Enfin, cette interpellation expose les défis auxquels le Niger est confronté en matière de libertés publiques. Si les accusations portées contre Moussa Tchangari ne reposent pas sur des preuves solides, cet événement pourrait constituer une situation préoccupante dans la lutte pour les droits civiques dans le pays. Ainsi, le combat pour sa libération mobilise aujourd’hui une solidarité internationale. Celle-ci dépasse largement les frontières nationales, et représente un test décisif pour les principes démocratiques dans cette région.