« Le référendum sur une nouvelle Constitution aura bien lieu », c’est ce qu’a annoncé, dimanche, le ministre de l’Intérieur nigérien, Albadé Abouba. Le président Mamadou Tandja s’appuie sur cette consultation pour briguer un troisième mandat, en dépit des accusations qui font feu de toutes parts. Vendredi, le chef de l’Etat s’est d’ailleurs accordé « des pouvoirs exceptionnels » pour pouvoir rester à la tête de son pays et contrer ainsi les desseins de l’opposition qui souhaite sa démission.
Le peuple aboie et Mamadou Tandja passe. Le ministre nigérien de l’Intérieur, Albadé Abouba, a annoncé, dimanche, la tenue d’un référendum sur une nouvelle constitution malgré le refus de la Cour Constitutionnelle, et en dépit des accusations qui pèsent sur le chef de l’Etat. Si l’Union africaine craint des « dérapages », les pays voisins du Niger condamnent la décision de Mamadou Tandja. Lundi, le vice-ministre nigérian des Affaires étrangères, Bagudu Hirse, a déclaré, au micro de RFI, que son pays « ne tolèrera pas le plan du président Tandja ». La CEDEAO, qui n’a pas officiellement réagi aux dernières déclarations du gouvernement nigérien, devrait elle aussi sanctionner les intentions du président Mamadou Tandja, dans les prochains jours.
Le coup d’Etat dénoncé par l’opposition
Pendant ce temps-là au Niger, le conflit entre l’opposition et le ministre de l’intérieur se durcit. Dans son allocution de dimanche, Albadé Abouba a condamné les accusations du président du Front de défense de la démocratie (FDD) qui a dénoncé un « coup d’état de Mamadou Tandja ». Mahamadou Issoufou avait appelé, samedi, les forces de sécurité et de défense à « refuser d’obéir aux ordres d’un homme qui a pris l’option délibérée de violer la Constitution et qui a désormais perdu toute légitimité politique et morale ». Des propos qui constituent, aux dires d’Albédé Abouba, une violation de la loi fondamentale et peuvent entrainer des poursuites judiciaires. « C’est une grave erreur d’expression. Ceux qui ont fait ces déclarations vont en assumer les conséquences », a indiqué le ministre de l’Intérieur nigérien.
Les pouvoirs exceptionnels de Mamadou Tandja
Vendredi soir, le président Tandja s’était accordé des pouvoirs exceptionnels en invoquant l’article 53 de la constitution qui, lorsque « l’indépendance de la République est menacée », permet au chef de l’Etat de gouverner par le biais d’ordonnances et de décrets. Ces nouvelles prérogatives lui permettent d’imposer le référendum pour modifier la constitution, en vue de briguer un troisième mandat. Grâce à ses tours de passe-passe, Mamadou Tandja a réussi à contourner la décision de la Cour Constitutionnelle, qui le 12 juin, avait refusé la consultation et peut à nouveau rêver d’un troisième mandat en bonne et due forme.
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