Coup de théâtre au Niger, le chef de l’Etat Mamadou Tandja a dissous, mardi, l’Assemblée nationale. La veille, la Cour Constitutionnelle saisie par le Parlement avait rejeté la demande présidentielle de modification de la Constitution par un référendum populaire. Une décision critiquée par Issoufou Sidibé, qui souhaite, dans le cadre du Front pour la défense de la démocratie (FDD), empêcher le président de convoquer une consultation pour briguer un troisième mandat à la tête du pays.
L’assemblée nationale au Niger a été dissoute, mardi, par le président Mamadou Tandja. Cette décision intervient au lendemain de l’avis défavorable émis par la Cour constitutionnel sur l’organisation d’un référendum lui permettant de briguer un troisième mandat. Une manière pour M. Tandja de court-circuiter l’Assemblée nationale qui devait se prononcer sur la tenue de cette consultation. Un front pour la défense de la démocratie (FDD) composé d’ONG, de partis de l’opposition et de centrales syndicales avait été créé, dimanche, pour empêcher le chef d’Etat de convoquer ce référendum. Interrogé par Afrik.com, Issoufou Sidibé, le secrétaire général de la puissante confédération démocratique des travailleurs du Niger (CDTN) et membre du FDD a rappelé l’importance de ce mouvement qui se veut « le garant du droit constitutionnel ».
Afrik.com : Mamadou Tandja a dissous l’Assemblée nationale après avoir pris acte de l’avis de la Cour constitutionnel. Qu’en pensez-vous ?
Issoufou Sidibé : Mamadou Tandja, on le voit, est déterminé à faire ce référendum pour briguer un troisième mandat. L’avis défavorable émis par la Cour constitutionnelle à propos de l’organisation d’un référendum sur un changement de Constitution a dû faire peur au président nigérien. C’est pour cela qu’il a dissout l’Assemblée nationale.
Afrik.com : Il craignait que le Parlement renverse son gouvernement…
Issoufou Sidibé : Oui, en effet, il a dû sentir qu’il n’aurait pas la majorité (son parti le MNSD (la coalition du Mouvement national pour une société de développement) ne compte que 48 députés sur 113 au Parlement, ndlr). Il craignait sans doute que l’Assemblée nationale emboite le pas à la Cour constitutionnel et renverse son gouvernement par une motion de censure.
Afrik.com : Cet événement va-t-il modifier les actions du Front pour la défense de la démocratie ?
Issoufou Sidibé : Pas du tout. Nous allons continuer. Il ne peut pas nous stopper car nous sommes distincts de l’Assemblée nationale. Nous avons prévu de nous rendre dans plusieurs villes du Niger pour mettre en œuvre des meetings et des conférences pour sensibiliser la population aux menaces graves d’atteintes aux acquis démocratiques. Nous ne baisserons pas les bras.
Afrik.com : Comme prévu, votre caravane sillonnera à partir du 30 mai prochain toutes les huit régions du Niger pour dénoncer l’idée de ce référendum…
Issoufou Sidibé : C’est exact. Nous avons voulu sortir de Niamey car la liberté d’expression dans le pays est muselée. Seuls les médias d’Etat s’expriment. Les autres journaux privés sont obligés de faire profil bas car ils ne peuvent pas aller à l’encontre de Mamadou Tandja. La population a accès à un seul discours : celui de l’Etat.
Afrik.com : Que pensez-vous de l’attitude du président nigérien ?
Issoufou Sidifé : Son attitude nous surprend beaucoup. Nous ne comprenons pas pourquoi il agit de la sorte. Il a toujours critiqué les présidents qui modifiaient la Constitution pour se maintenir au pouvoir. C’est un revirement de situation. Mais, la nature humaine se révèle parfois tellement contradictoire…
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