Dimanche, la police, acquise au président nigérien Mamadou Tandja, a durement réprimé des ex-députés de l’opposition qui tentaient de se rendre au parlement. Ils se disent aujourd’hui déterminés à organiser de nouvelles manifestations, dans le but d’exercer leurs droits de députés élus, en dépit de la dissolution du parlement par le chef de l’Etat. La crise politique nigérienne sera examinée le 5 septembre à Abuja au Nigeria, lors d’une session spéciale de la CEDEAO.
Les opposants nigériens ne renoncent pas. Après la manifestation sévèrement réprimée par les forces de police dimanche dans les rues de Niamey, la Coordination des forces pour la démocratie et la république (CFDR), qui regroupe les principaux partis d’opposition du Niger[[Parti nigérien pour la démocratie et le socialisme (PNDS), Convention démocratique et sociale (CDS), Alliance nigérienne pour la démocratie et le progrès (ANDP)]] et des organisation de la société civile, s’est réunie lundi à Niamey. Objectif, définir de nouvelles stratégies, pour poursuivre le mouvement entamé dimanche, en vue de la réhabilitation du parlement dissous fin mai dernier par le président Mamadou Tandja. « Nous avons décidé d’organiser une session extraordinaire de l’Assemblée nationale avant la fin de la semaine. Et ce n’est pas la répression qui nous arrêtera. Les accrochages avec la police ne font plus peur à personne », a déclaré issifou Sidibé, Secrétaire général de la CFDR, peu après la réunion de lundi.
Dimanche, 67 députés membres de la CFDR (sur les 113 que comptait le parlement) avaient entamé dans le centre-ville de Niamey, une marche vers le palais de l’Assemblée Nationale. Ils avaient été suivis par plusieurs milliers de leurs partisans. Objectif de la manifestation : se réinstaller au parlement, comme ils l’avaient annoncé le 11 aout dernier. La police est intervenue pour disperser les manifestants, ce qui a provoqué de violentes échauffourées. « Les policiers ont chargé au moment où les manifestants reculaient comme ils l’avaient ordonné. Ils ont fait usage de leurs matraques et du gaz lacrymogène. Certains manifestants ont répliqué en leur jetant des pierres. Les policiers ont ensuite pénétré dans les maisons pour tabasser les gens », témoigne un journaliste local d’un média privé. Bilan, plus d’une trentaine de blessés.
Mamadou Tandja s’accroche au pouvoir
Ces troubles ont éclaté alors qu’une délégation de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) achevait à Niamey, une visite consacrée à la crise politique qui secoue le Niger depuis plusieurs semaines. Une crise déclenchée par le président Tandja lui-même. Agé de 71 ans, celui-ci aurait dû quitter le pouvoir en décembre prochain, à la fin de son second quinquennat. Mais souhaitant prolonger son mandat, il a dissous l’Assemblée Nationale le 26 mai dernier. Le 4 août, il avait organisé un référendum controversé, et obtenu l’adoption d’une nouvelle constitution qui prolonge son mandat de trois ans, et lui permet de se représenter autant de fois qu’il le souhaite.
Des pratiques auxquelles n’adhèrent pas les députés de l’opposition, qui qualifient ses actes de « coup d’Etat ». Restés attachés à l’ancienne constitution toujours en vigueur à leurs yeux, ils laissent entendre que Mamadou Tandja aurait dû organiser de nouvelles élections législatives dans un délai de trois mois, après la dissolution de l’Assemblée Nationale, comme le stipule cette constitution. Ce qu’il n’a pas fait. Par conséquent, ils estiment que leurs mandats parlementaires restent valables. « Le refus du président d’organiser de nouvelles élections a crée un vide juridique que les députés de l’opposition ont décidé de combler en retrouvant leurs postes », a expliqué issifou Sidibé.
De son côté, Mamadou Tandja, qui s’est rendu dimanche en Lybie pour les festivités marquant le quarantième anniversaire de l’accession de Mouammar Kadhafi au pouvoir, a fixé au 20 octobre prochain la date des nouvelles législatives. Mais les opposants réunis au sein de la CFDR n’entendent pas y participer. « Ces élections ne concernent que le président et les membres de son parti. Nous n’y participerons pas. Et les membres de la société civile ont décidé de faire de même », a déclaré l’ex-député Dazoum Mohamed, vice-président du PNDS, le principal parti de l’opposition. A l’en croire, ses collègues restent déterminés à tenir une session extraordinaire dans le parlement interdit d’accès par les forces de l’ordre. Ce qui laisse craindre de nouvelles confrontations avec les forces de police fidèles au président Tandja. Un sommet extraordinaire de la CDEAO consacré au problème nigérien est prévu le 5 septembre prochain à Abuja, au Nigéria. L’instance sous-régionale parviendra-t-elle à désamorcer la crise ?
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