Sous la pression des critiques, les sanctions contre la chaîne privée Canal 3 Niger et son rédacteur en chef, Seyni Amadou, ont été annulées ce lundi. Ce dernier, en garde à vue depuis samedi, a retrouvé sa liberté.
Le gouvernement nigérien fait marche arrière. Le ministre de la Communication, Sidi Mohamed Raliou, a annoncé, lundi 20 janvier, la levée de la suspension de la chaîne de télévision privée Canal 3 Niger et la libération de son rédacteur en chef, Seyni Amadou, placé en garde à vue depuis samedi. Cette décision intervient après une mobilisation des organisations locales de la presse et de structures internationales comme Reporters sans frontières, qui ont dénoncé une atteinte à la liberté d’expression.
Une sanction controversée
La controverse a débuté vendredi 17 janvier, lorsque le ministre de la Communication a suspendu Canal 3 pour un mois et interdit à son rédacteur en chef d’exercer pendant trois mois. Le motif invoqué : la diffusion d’un baromètre annuel évaluant les performances des ministres du gouvernement. Ce programme, bien que récurrent et jusque-là accepté, a cette fois suscité une réaction punitive.
Pour Sidi Mohamed Raliou, ce classement aurait franchi les limites. Cependant, cette mesure radicale a immédiatement suscité un tollé. Reporters sans frontières (RSF) a appelé à la libération immédiate du journaliste et à l’annulation des suspensions, qualifiées d’illégales. Deux organisations locales de la presse ont également condamné ces décisions, défendant « le droit à la critique de l’action politique » par les médias.
Une décision saluée
Dans un revirement notable, les autorités ont annoncé lundi soir la levée des sanctions via un communiqué officiel. Seyni Amadou a recouvré sa liberté peu après, comme l’a confirmé le directeur général de Canal 3, cité par l’AFP.
Ali Idrissa Zabeïrou Souley, président de l’Association des éditeurs de la presse indépendante, a salué cette marche arrière : « La sagesse a prévalu. » Ce dénouement marque une victoire importante pour les défenseurs de la liberté de la presse dans un contexte où cette dernière est parfois mise à rude épreuve au Niger. D’ailleurs, cet épisode met en lumière les tensions persistantes entre les autorités et les médias dans le pays. Si la levée des sanctions est un signal positif, elle souligne également la fragilité de la liberté d’expression face aux pressions politiques.
Les organisations locales et internationales ont rappelé l’importance de garantir un environnement dans lequel les journalistes peuvent exercer leur métier sans crainte de rétorsion. Cette affaire pourrait servir de rappel aux autorités : critiquer l’action publique est un droit fondamental dans une démocratie.