La Cour d’État du Niger a levé l’immunité du Président déchu Mohamed Bazoum. L’audience de ce vendredi avait été reportée à deux reprises, les avocats de l’ex-Président ayant dénoncé des entraves au droit de la défense. Cette décision ouvre la voie à un possible procès pour l’ancien dirigeant renversé par un coup d’État militaire, en juillet 2023.
L’ancien Président du Niger, Mohamed Bazoum, n’est pas au bout de ses peines. Détenu dans la résidence présidentielle, avec son épouse Hadiza, depuis le coup d’État du 26 juillet 2023, il vient de voir son immunité levée, ce vendredi 14 juin 2024. Tel en a décidé Abdou Dan Galadima, président de la Cour d’État du Niger.
Ordonnance de la Cour d’État du Niger
« La Cour ordonne la levée de l’immunité de M. Mohamed Bazoum », a déclaré le président de la plus haute juridiction du Niger. Celle-ci a été créée par le régime militaire, en novembre 2023. Les nouvelles autorités de Niamey accusent l’ex-Président de « complot d’attentat à la sécurité et l’autorité de l’État », « crime de trahison » ; « faits présumés d’apologie du terrorisme » et de « financement du terrorisme ».
A l’issue de l’audience de ce vendredi, le pool d’avocats de Mohamed Bazoum n’a pas manqué de réagir. L’un d’eux, notamment Me Ould Salem Mohamed, a déclaré « prendre acte de la décision de la Cour d’État ». Non sans promettre que lui et ses collègues, en charge de défendre des intérêts de Bazoum et de sa famille, vont pondre un communiqué « incessamment ».
Un chapelet de griefs contre Mohamed Bazoum
C’est tout un chapelet de griefs que la junte militaire a égrené contre l’ex-chef d’État. Il est reproché à Bazoum d’avoir parlé au téléphone avec le Président français Emmanuel Macron ainsi que le secrétaire d’État américain Antony Blinken. L’objet de cet appel étant de les amener à effectuer « une intervention armée » au Niger à la suite du coup d’État du 26 juillet 2023.
Le général Abdourahmane Tiani et sa suite reprochent, en outre, à l’ancien dirigeant d’avoir « libéré des terroristes et de les avoir reçus à la Présidence ». Des faits graves qui pourraient être qualifiés de haute trahison de la part d’un ancien chef d’État. Et donc passibles d’une lourde peine de prison. Malgré la demande formulée, en décembre, par la Cour de justice de la CEDEAO, ordonnant la libération de M. Bazoum, ce dernier est toujours resté en détention.