Niger : la junte durcit le ton et défie la CEDEAO


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La CEDEAO
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La junte militaire nigérienne n’entend pas fléchir face aux menaces d’intervention militaire de la CEDEAO. Au contraire, elle montre les muscles et menace de riposter à toute attaque militaire de l’Organisation régionale.

Au Niger, la possibilité de parvenir à une solution à l’amiable avec la junte s’évanouit de plus en plus. À l’aube de ce vendredi 4 août 2023, la délégation de la CEDEAO conduite par l’ancien Président nigérian, le général Abdulsalami Abubakar, a quitté Niamey. Sans avoir rencontré le général Abdourahamane Tiani. Arrivés à Niamey jeudi nuit, les émissaires de la CEDEAO ont rencontré à l’aéroport des représentants de la junte conduit par le chef des opérations spéciales. Ce dernier leur a fait comprendre que le Niger n’entendait pas fléchir. En quelques minutes, la décision est prise : les émissaires de la CEDEAO rembarquent. Plus de rencontre avec le général Tiani ni même avec le Président Bazoum. La mission est un échec total.

Vers une intervention militaire ?

Pendant ce temps, à Abuja où les chefs d’état-major des armées des pays membres de la CEDEAO sont en conclave, les choses se précisent de plus en plus. Ce vendredi, leurs assises doivent se clôturer. Et déjà, on sait qu’une intervention militaire devrait mobiliser des milliers de soldats que fourniront surtout les pays comme le Bénin, le Ghana, le Nigeria et le Sénégal.

De son côté, la junte nigérienne montre les muscles. Jeudi soir, le colonel-major Amadou Abdramane a lu à la télévision nationale un communiqué annonçant une « riposte immédiate » de l’armée nigérienne en cas d’agression : « Toute agression ou tentative d’agression contre l’État du Niger verra une riposte immédiate et sans préavis des Forces de défense et de sécurité nigériennes sur un de ses membres, à l’exception des pays amis suspendus », a déclaré le colonel-major. Le même communiqué met « fin aux fonctions des ambassadeurs extraordinaires et plénipotentiaires de la République du Niger » en France, aux États-Unis, au Nigeria et au Togo.

La CEDEAO face à un choix cornélien

La CEDEAO décriée depuis longtemps par les peuples d’Afrique de l’Ouest, se trouve dans une posture difficile. Elle joue sa crédibilité si tant est qu’elle en a encore une. En fait, l’organisation se trouve face à un véritable dilemme cornélien : laisser passer le coup d’État au Niger étale davantage ses faiblesses ; dans le même temps, faire l’option d’une intervention militaire risque de déstabiliser toute la sous-région. L’autre grosse interrogation : quelles sont les chances pour la CEDEAO de libérer Mohamed Bazoum vivant des mains des putschistes qui le détiennent toujours ? Les dirigeants de la CEDEAO doivent savoir raison garder et mesurer tous les paramètres et méandres des actes qu’ils vont poser dans le cadre de ce coup d’État. En définitive, ils ont le devoir de choisir le moindre mal.

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Par Serge Ouitona, historien, journaliste et spécialiste des questions socio-politiques et économiques en Afrique subsaharienne.
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