La journée du jeudi 3 août a été très riche en rebondissements au Niger. Le Président Mohamed Bazoum s’est adressé aux États-Unis via le Washington Post. De son côté, la junte a dénoncé les accords de coopération militaire liant le Niger à la France.
« J’écris ceci en tant qu’otage. Ce coup d’État, lancé contre mon gouvernement par une faction de l’armée le 26 juillet, n’a aucune justification. S’il réussit, il aura des conséquences dévastatrices pour notre pays et pour le monde entier », a déclaré le Président Mohamed Bazoum, dans les colonnes du Washington Post. Le Président déchu du Niger estime que le succès de ce putsch risque de faire basculer tout le Sahel sous la coupe de la Russie par l’entremise du groupe Wagner. Pour lui, la situation sécuritaire que les militaires ont brandie comme raison pour le déchoir n’est qu’un prétexte, puisque depuis son accession au pouvoir, la situation, loin de se dégrader, s’est plutôt améliorée. Mohamed Bazoum s’est également attardé sur son bilan économique qu’il trouve positif.
C’est pourquoi le Président nigérien a lancé un appel solennel : « J’appelle le gouvernement américain et l’ensemble de la communauté internationale à aider à restaurer l’ordre constitutionnel ».
Vers la rupture avec la France ?
De son côté, la junte militaire multiplie les actions pour réduire l’influence de la France au Niger. Après avoir, comme au Mali et au Burkina Faso, coupé les signaux de RFI et de France 24, jeudi, elle a dénoncé les accords militaires liant le pays à la France. « Face à l’attitude désinvolte et la réaction de la France relativement à la situation, le Conseil national pour la sauvegarde de la patrie décide de dénoncer les accords de coopération dans le domaine de la sécurité et de la défense avec cet État ». Sur ce point, les militaires au pouvoir au Niger ont également emboîté le pas à leurs homologues maliens et burkinabè qui ont tourné dos à la France pour se tourner vers la Russie.
Ces signaux déjà donnés par la junte nigérienne annoncent sans doute la nature des relations qu’elle entretiendra avec l’ancienne métropole dans le futur. Rappelons que la France a actuellement au Niger un contingent de quelque 1 500 soldats déployés dans le cadre de la lutte contre le djihadisme au Sahel.