Les organisations humanitaires lancent un appel aux bailleurs de fonds pour trouver 133 millions de dollars, en plus des 57 millions de dollars déjà versés ou promis, afin d’aider le gouvernement à nourrir plusieurs millions de personnes menacées par la faim.
190 millions de dollars. Ces fonds sont nécessaires pour améliorer la sécurité alimentaire de 3,2 millions d’habitants et apporter une aide nutritionnelle à 1,54 million d’enfants et 35 000 femmes enceintes et allaitantes, selon les Nations Unies et les organisations non gouvernementales (ONG) au Niger.
Quelque 7,8 millions d’habitants, soit près de 60 pour cent de la population, risquent en effet de ne pas pouvoir se procurer les vivres dont ils ont besoin, d’après une évaluation menée par le gouvernement en décembre 2009.
Six organismes des Nations Unies et neuf ONG ont lancé cet appel. « Nous exhortons la communauté internationale à répondre de manière rapide et à s’assurer que les agences humanitaires aient les ressources financières nécessaires afin de répondre aux besoins urgents du Niger », a dit Khardiata Lo N’diaye, Coordinatrice résidente des Nations Unies au Niger, dans un communiqué daté du 7 avril.
« L’objectif premier des Nations Unies et de leurs partenaires est de sauver des vies au Niger et d’aider les populations à échapper à l’insécurité alimentaire et à la malnutrition », a dit à IRIN Stephanie Bunker, porte-parole du Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA). Les organisations humanitaires ont également besoin d’aide pour pourvoir aux besoins des populations en matière de santé et d’eau et d’assainissement, a-t-elle ajouté. Plus de 1,5 million d’enfants risquent d’être touchés par la malnutrition au cours des 12 prochains mois si des mesures urgentes ne sont pas prises, a averti Mme Bunker.
« Si l’on ne parvient pas à trouver assez de fonds, le taux de mortalité et de morbidité risque d’augmenter considérablement chez les enfants de moins de cinq ans ; les mouvements de population des régions rurales vers les zones urbaines et les pays voisins vont augmenter, et les enfants seront bien plus nombreux à arrêter l’école », a prévenu Modibo Traoré, chef du bureau OCHA au Niger. « Plus d’un million de têtes de bétail risquent d’être décimées. Il est extrêmement urgent d’agir dès maintenant car les conséquences sont déjà visibles sur le terrain ».
D’importants exodes ont déjà lieu, les populations quittant les villages des zones affectées pour s’installer dans les villes, à Agadez, Zinder, Maradi et Niamey, la capitale, ainsi que dans les pays voisins.
Les précipitations, faibles ou erratiques, ont causé de graves pénuries de vivres et de fourrage dans certaines régions du pays, entraînant une hausse du prix des céréales et une chute des prix du bétail.
Les interventions
Le gouvernement subventionne les céréales dans toutes les régions touchées. Les ONG et les organismes des Nations Unies développent leurs opérations pour aider le gouvernement à répondre aux besoins des populations en matière de sécurité alimentaire, de nutrition, de santé et de bétail, à Tahoua, Diffa, Maradi et Zinder.
Le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), le Programme alimentaire mondial (PAM), des ONG et le gouvernement prévoient, au cours des prochains mois, de procéder à des distributions alimentaires généralisées (blanket feeding) à 500 000 enfants âgés de six à 23 mois pour contribuer à prévenir la malnutrition. Le PAM distribuera également des aliments de base à 1,5 million d’habitants des zones touchées.
Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) prévoit pour sa part d’acheter quelque 14 500 têtes de bétail aux éleveurs nomades d’Agadez et des environs, aux prix pratiqués avant la crise. L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) interviendra également pour soutenir le secteur de l’élevage, mais pas avant la fin du mois d’avril, d’après OCHA.
Le CICR fournira également des vivres, des semences et des outils à 100 000 habitants à la fois au Niger et à Kidal et Gao, dans le nord du Mali, où quelque 250 000 habitants sont également touchés par l’insécurité alimentaire, selon les estimations.
Les organisations humanitaires sont encore en train d’évaluer la situation alimentaire et nutritionnelle dans l’ensemble du pays, notamment à Diffa et Tahoua.