Le président français Nicolas Sarkozy entame, ce lundi, une visite de trois jours en Algérie. Les deux pays devraient signer d’importants contrats économiques, concernant principalement les domaines gazier et pétrolier. Leur valeur pourrait s’élever à cinq milliards de dollars.
Par Awa Traoré
Les déclarations du ministre algérien des Anciens Combattants n’ont pas eu raison des relations franco-algériennes. Lundi dernier, Mohammed Chérif Abbas avait expliqué que le président français devait son élection à un « lobby juif », manquant de mettre un terme à la première visite d’Etat de Nicolas Sarkozy en Algérie. Finalement, le numéro un français honorera bien son déplacement à partir de ce lundi, et pour trois jours. Après s’être entretenu avec son homologue Abdelaziz Bouteflika, l’ancien ministre de l’Intérieur se rendra au Forum des chefs d’entreprises algériens et français. Peut-être là une façon de se mettre dans l’ambiance avant la signature de juteux contrats, d’une valeur qui pourrait atteindre cinq milliards de dollars.
Des contrats de milliards de dollars
Les accords les plus importants concerneront les domaines gazier et pétrolier, qui représentent 98% des recettes d’exportation de l’Algérie. Le groupe pétrolier Total devrait annoncer 1,5 milliard de dollars d’investissements à Arzew (Ouest), pour une opération en partenariat avec la société algérienne Sonatrach. Gaz de France (GDF) doit pour sa part investir un milliard de dollars dans le gisement gazier de Touat (Sud), qui doit être fonctionnel en 2011. Il sera géré à 75% par GDF, qui a obtenu en janvier 2003 un permis d’exploration, et à 25% par la Sonatrach. GDF doit également reconduire jusqu’en 2019 ses contrats d’approvisionnement en gaz chez le troisième fournisseur de cette énergie fossile pour l’Hexagone, après la Norvège et les Pays-Bas.
La France et l’Algérie doivent par ailleurs conclure un contrat de coopération sur le nucléaire civil, qui devrait se limiter à des échanges d’expérience et à un transfert de compétences de la France vers l’Algérie. Autant de bonnes nouvelles pour les autorités algériennes, très en attente d’une hausse des investissements. Elles espèrent en outre un allègement de la procédure pour la délivrance de visas à leurs ressortissants, ce à quoi la France répond qu’elle souhaite qu’il en soit de même pour ses citoyens.
A noter qu’Alger et Paris signeront une sorte de « traité d’amitié simplifié », comme le surnomme l’Elysée. Ce texte est une « convention de partenariat » établissant pour une décennie les bases de la coopération bilatérale.
« Réconcilier les mémoires »
Parce que le discours du ministre des Anciens Combattants n’est toujours pas passé, Nicolas Sarkozy pourrait condamner, mercredi, à l’université Mentouri de Constantine, les propos de Mohammed Chérif Abbas. Si d’aventure on lui demandait des excuses de la France concernant ses « crimes » pendant la colonisation de l’Algérie (1830-1962), le président français refuserait sans doute une nouvelle fois d’en faire. Pour preuve, dans une interview accordée à l’Agence de presse algérienne APS, et publiée dimanche, il explique : « Nous devons nous tourner d’abord vers l’avenir, car les nouvelles générations, qui forment dans votre pays la grande majorité de la population, ne vont pas attendre que les adultes aient fini de régler les problèmes du passé. »
Et le chef d’Etat de conclure que, « bien sûr, il y a aussi l’histoire, qui est là et continue parfois à s’interposer entre nous. Il ne faut pas l’ignorer mais l’assumer. Cela demandera encore un peu de temps de part et d’autre, car il y a des blessures, des deux côtés, qui ne sont pas refermées. Mais on peut progresser et je suis sûr que, pas à pas, nous pourrons rapprocher notre lecture de l’histoire et réconcilier nos mémoires ».