Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal seront présents le 6 mai prochain au second tour des élections présidentielles françaises. Ils ont été choisis dans une ferveur électorale qui met l’extrême-droite hors-jeu et qui fait du centre un nouvel espace politique en France.
La France a voté en masse ce dimanche pour le premier tour des élections présidentielles et choisi ses deux favoris pour le second tour. Le candidat de la droite Nicolas Sarkozy (l’Union pour un mouvement populaire) et Ségolène Royal (Parti socialiste), représentante de la gauche, s’affronteront le 6 mai prochain. Le président de l’UMP totalise 31,18% des voix contre 25,87% pour sa concurrente, selon les derniers résultats publiés par le ministère français de l’Intérieur.
L’extrême-droite cède la place au centre dans le débat politique
Tout en remerciant ses partisans, après l’annonce des résultats, Nicolas Sarkozy a réaffirmé sa volonté de rester fidèle à sa ligne de conduite. «J’ai voulu mettre au cœur de la politique des valeurs comme l’identité nationale, l’autorité, le travail, le mérite », a-t-il rappelé tout en constatant que « le peuple français » s’était exprimé par la voie des urnes « avec clarté.» Ségolène Royal, pour sa part, a voulu jouer la carte du ralliement. «Je lance un appel à toutes celles et ceux qui veulent que la France fasse triompher la République du respect. (…) Et je tends la main à toutes celles et ceux qui pensent comme moi qu’il est non seulement possible mais urgent de quitter un système qui ne marche plus », a invité la candidate socialiste.
A gauche, comme à droite, les candidats ont aussi unanimement salué l’engouement des Français pour ce scrutin. Ces derniers ont fait montre d’un esprit civique sans commune mesure. Dimanche, le taux de participation a avoisiné les 85%. La dernière fois qu’une telle ferveur citoyenne a été constatée pour un premier tour, c’était en 1965. Sur les 43,6 millions de Français inscrits sur les listes électorales, le taux d’abstention se chiffre à 15,4%. Même si chez les expatriés, l’abstention a été très forte – le taux s’élève à 59,70% -, les Français semblent avoir retrouvé le goût de politique et décidés à ne plus revivre le traumatisme du 21 avril 2002.
Convaincre les électeurs de rejoindre leur vision du monde
Au PS, le plus meurtri par cette catastrophe politique, Ségolène Royal a indubitablement redonné confiance en réalisant un score équivalent à celui de François Mitterrand en 1981. En réunissant plus de 30% des suffrages exprimés, Nicolas Sarkozy a, lui, donné la preuve que sa stratégie – séduire les électeurs de l’extrême-droite – maintes fois décriée et critiquée, même par ses proches, a été efficace.
Le scrutin de dimanche est par conséquent un véritable revers pour le Front National de Jean- Marie Le Pen qui ne récolte que 10,44% des voix, contre 16,86% en 2002. Pour les experts politiques, cette contre-performance marque la fin des nuisances occasionnées dans le débat politique, depuis une vingtaine d’années, par le parti d’extrême-droite. Aussi, l’UDF de François Bayrou s’arroge le statut de troisième force politique en France.
Avec 18,7% des suffrages exprimés, le candidat centriste devient incontournable. C’est avec une grande satisfaction qu’il a d’ailleurs fait remarqué que la France disposait, à compter de ce dimanche, d’un «centre large, un centre fort, un centre indépendant capable de parler et d’agir au-delà des frontières d’autrefois.» Bien que les consignes de vote de François Bayrou, qui ne s’est pas encore prononcé, puissent être déterminantes pour l’issue du scrutin du second tour, elles ne seraient pourtant pas, selon les spécialistes, un gage d’une victoire assurée pour l’un ou l’autre camp.
Pour le second tour, Ségolène Royal peut déjà compter sur les voix du PCF de Marie-George Buffet (1,93%) et des Verts de Dominique Voynet (1,57%). Certainement aussi sur celles d’Olivier Besancenot, qui avec ses 4,08%, est un nouveau contrepoids à l’extrême-gauche et qui prône le « tout sauf Sarkozy ». Mais au-delà des alliances, la capacité de Ségolène Royal et de Nicolas Sarkozy, qui ont imprégné de leurs personnalités cette campagne présidentielle, à convaincre de nouveaux électeurs sera décisive. Le débat entre les deux prétendants à la magistrature suprême prévu sur la chaîne publique France 2, le 2 mai prochain, est par conséquent très attendu.