Nicolas Kazadi dans l’œil du cyclone : l’enquête s’ouvre enfin


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Nicolas-Kazadi-RDC
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L’Assemblée nationale de la République Démocratique du Congo (RDC) a donné son aval à l’ouverture d’une instruction contre l’ancien ministre des Finances, Nicolas Kazadi. Cette décision marque un tournant significatif dans la lutte contre la corruption et l’impunité au sein de la classe politique congolaise.

Des accusations de surfacturation

Nicolas Kazadi est accusé d’avoir orchestré et facilité la surfacturation d’un important contrat de construction de forages d’eau, destiné à approvisionner 1000 localités à travers le pays. Selon les procureurs, le préjudice s’élèverait à 72 millions de dollars sur un marché de près de 300 millions de dollars. Ce scandale, qui a éclaté suite à un rapport conjoint de l’Observatoire de la dépense publique et de la Ligue congolaise contre la corruption, met en lumière des pratiques de gestion douteuses au plus haut niveau de l’État.

Bien que l’Assemblée nationale ait autorisé l’enquête, Nicolas Kazadi bénéficie toujours de son immunité parlementaire. Cependant, cette protection ne l’empêchera pas d’être entendu par la justice. Le procureur général près la Cour de cassation, Firmin Mvonde, a souligné que la nature des faits et la gravité des indices justifient pleinement cette enquête.

Des comparutions déjà en cours

Selon des sources proches de l’ancien ministre, Nicolas Kazadi aurait déjà répondu de son plein gré à quatre convocations du procureur. Les séances de confrontation auraient eu lieu, bien que cela n’ait pas été confirmé officiellement par le parquet. En cas d’inculpation, l’Assemblée nationale pourrait être appelée à se prononcer sur la levée de l’immunité de l’ex-ministre, une étape clé pour la suite des procédures judiciaires.

Depuis deux mois, Nicolas Kazadi et deux de ses co-accusés, anciens ministres du Développement rural, sont interdits de quitter le territoire congolais. Cette mesure vise à garantir leur disponibilité pour les besoins de l’enquête et à éviter toute tentative d’évasion.

La société civile se réjouit

Les organisations de la société civile, telles que l’ONG Asadho, ont salué cette initiative judiciaire. Elles appellent à une application rigoureuse de la loi, sans complaisance, pour insuffler une nouvelle dynamique à la gestion des finances publiques en RDC. Selon elles, cette enquête est un « signal fort contre l’impunité et la corruption », et pourrait renforcer la confiance des citoyens dans les institutions du pays.

Un défi pour l’État de droit en RDC

Cette affaire constitue un véritable test pour le système judiciaire congolais. La capacité de la justice à mener cette enquête avec indépendance et rigueur sera scrutée tant au niveau national qu’international. Pour de nombreux observateurs, il s’agit d’une opportunité de prouver l’engagement du gouvernement de Félix Tshisekedi dans la lutte contre la corruption.

Nicolas Kazadi, toujours député, devrait comparaître formellement dans les prochains jours. Le pays suit avec attention cette affaire qui pourrait bien redéfinir les contours de la lutte contre la corruption en RDC. Les prochains développements seront déterminants pour l’avenir politique de l’ancien ministre et pour la crédibilité des institutions judiciaires du pays.

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