Mardi, la Cour pénale internationale (CPI) a acquitté, faute de preuves, l’ancien chef de milice congolais Mathieu Ngudjolo Chui. Il avait été accusé de crimes contre l’humanité et de crimes de guerre à la suite de l’attaque en 2003 du village de Bogoro, dans le Nord-Est de la République démocratique du Congo (RDC), ayant coûté la vie à plus de 200 personnes. Un verdict qui a provoqué un tollé sur le travail du Bureau du Procureur.
Le verdict qui a mis le feu aux poudres. Faute de preuves, la Cour pénale internationale (CPI) a acquitté, mardi, Mathieu Ngudjolo Chui, ancien chef de milice congolais. « La chambre acquitte donc Mathieu Ngudjolo Chui de toutes les charges qui étaient retenues contre lui », a déclaré le juge français Bruno Cotte à La Haye, aux Pays-Bas, où siège la CPI.
Il avait été accusé de crimes contre l’humanité et de crimes de guerre à la suite de l’attaque en 2003 du village de Bogoro, dans le Nord-Est de la République démocratique du Congo (RDC), ayant coûté la vie à plus de 200 personnes. Cette relaxe a déclenché une vive polémique à la CPI au sujet du travail du Bureau du Procureur.
« Je pense que c’est un signal de réveil, un signal qui montre que les pratiques du bureau et peut-être sa structure doivent être revus », a affirmé à l’AFP Eric Witte, de l’ONG Open Society Justice Initiative et ancien conseiller du président de la CPI : « Ce n’est pas la première indication selon laquelle il y a un problème avec les enquêtes du bureau du procureur », a-t-il précisé.
C’est, en effet, pas la première fois que le travail de la CPI est remis en cause. En mars, les magistrats avaient déjà fustigé le Bureau du Procureur sur le jugement de Thomas Lubanga, lui aussi ancien chef de milice congolais. Les juges avaient alors dénoncé le travail de supervision des intermédiaires chargés de retrouver les enfants soldats victimes.
Ngudjolo : un criminel en liberté ?
C’est seulement l’absence de preuves qui permet à Mathieu Ngudjolo Chui, ancien dirigeant présumé du Front des nationalistes et intégrationnistes (FNI), de retrouver aujourd’hui la liberté. La CPI a jugé les déclarations des trois témoins clés de « très faible valeur probante » et qu’elles ne sont pas crédibles.
Ce qui n’éclipse pas les failles du travail du Bureau du Procureur. Hormis les reproches des magistrats, le rapport du Washington College of Law, publié en octobre, avait déjà pointé du doigt le fonctionnement de la CPI : critique sur la partage décisionnel, la dictature du consensus, le manque d’efficacité etc.
Un manque d’efficacité qui pourrait résulter des restrictions budgétaires. « Il y a peut-être quelques pistes de réflexion, mais il n’est en aucun cas possible de tout mettre sur le dos du procureur », a souligné Montserrat Carboni, représentante permanente de la Fédération internationale des Droits de l’Homme auprès de la CPI. Et de prévenir « ils (les magistrats, ndlr) ont besoin de plus de moyens ! » pour mener à bien leurs enquêtes. Si Thomas Lubanga avait été reconnu coupable et a écopé de 14 ans de prison, Mathieu Ngudjolo Chui lui a retrouvé la liberté, alors qu’ils étaient tous les deux accusés de crimes contre l’humanité et de crimes de guerre.