Ngozi Okonjo Iweala règne sur les Finances du Nigeria


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Ngozi Okonjo Iweala, la très respectée ministre des Finances du Nigeria depuis 2003, vient d’être nommée par Paul Wolfowitz dans une Commission sur la croissance et le développement, au sein de la Banque mondiale. Portrait d’une femme d’excellence qui sait concilier vie professionnelle et privée.

Par Mame Diarra

Ngozi Okonjo Iweala tient les rênes financières du Nigeria. Actrice clé de l’effacement de la dette nigériane auprès du Club de Paris, elle est titulaire d’un diplôme de Harvard et d’un Doctorat en Economie du prestigieux Massachusetts Institute of Technology. Elle entre en 1982 à la Banque mondiale où elle exercera diverses fonctions d’économiste avant d’être promue secrétaire générale et vice présidente de l’institution. En juin 2003, elle quitte ce fauteuil confortable pour retourner au Nigeria et occuper la fonction de ministre des Finances. Elle serait l’un des membres du gouvernement nigérian auquel le Président Obasanjo accorde une confiance toute particulière. Elle a aussi été élue héros de l’année 2004 par le magazine Time et reçu le Prix de la vision et du courage décerné par le Forum Euromarket.

Respectée par ses concitoyens, Ngozi Okonjo, dès sa nomination, s’est immédiatement attaquée à la pauvreté qui sévit dans le pays le plus peuplé d’Afrique (120 millions d’habitants), détenteur de l’or noir, miné par la corruption et dont le revenu moyen par habitant s’élève à 1 dollar par jour. Réputée combative, incorruptible et travailleuse, faisant parfois des journées de 18 heures, elle dédaignerait les avantages ministériels au profit d’une autonomie personnelle, faisant ses courses quand elle le peut et même la cuisine, quand elle a du temps. Mère de quatre enfants, Ngozi Okonjo a épousé son amour d’enfance, aujourd’hui chirurgien aux Etats-Unis. « Je suis reconnaissante pour mon destin et mon but est de servir mon pays avec ce que j’ai appris », a affirmé au Time celle qui a toujours su concilier vie familiale et professionnelle.

Une femme de caractère

De son enfance, elle aura gardé des valeurs conservatrices et hérité du goût de l’effort et de l’apprentissage avec un père économiste et professeur émérite. Et les années de guerre civile, entre 1967 et 1970, n’auront pas miné sa détermination, ni freiné son enthousiasme pour poursuivre de brillantes études. Elle a également écrit un ouvrage intitulé The Debt Trap in Nigeria, Towards a sustainable debt strategy ( « Le piège de la dette au Nigeria, vers une stratégie viable de la dette »).

Assainir les finances du pays de l’or noir, c’est le souci constant de l’executive woman. Et améliorer l’image du pays en s’assurant que les revenus du pétrole seront bien investis dans le développement des infrastructures, de l’éducation et du secteur de la santé. « C’est un sentiment d’injustice qui m’anime », a-t-elle encore confessé au Time. Et l’une des mesures clés de Ngozi Okonjo Iweala a été la réduction des subventions au secteur pétrolifère et la mise en place d’un système anti-fraude pour traquer les fonctionnaires véreux et l’établissement de rapports de compte sur les dépenses et recettes du gouvernement. Elle-même sera questionnée par ses pairs sur ses revenus perçus des Nations Unies pour un programme de rapatriement des cerveaux nigérians. Femme de convictions, elle avait démissionné en 2004 du gouvernement nigérian deux jours après sa nomination, après que les départements du budget et de la planification lui aient été retirés par le Président et ne reprenant ses fonctions qu’à la restitution desdits départements.

Lutter contre la pauvreté avec la Banque mondiale

Avec sa carrière exemplaire de près de vingt ans à la Banque Mondiale, la séparation aura donc été de courte durée avec l’institution puisque Ngozi Okonjo-Iweala vient à nouveau d’être choisie par son président, Paul Wolfowitz, pour servir dans une Commission sur la croissance et le développement, en vue de promouvoir les perspectives de croissance et de réduction de la pauvreté dans les pays en voie de développement.

Présidée par le prix Nobel d’économie 2001, Michael Spence, ladite commission est composée d’hommes d’affaires et de décideurs politiques internationaux et devra rendre un rapport en 2007. « Ce sera une plateforme idéale pour apporter un nouvel élan de changement et de croissance », a expliqué la ministre des Finances. Reste à savoir jusqu’où ira l’implication de la Banque mondiale dans les affaires du Nigeria alors que sa dette vient tout juste d’être soldée.

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