La communauté Bamoun, peuple issu de l’ouest du Cameroun célèbre la 544e édition du festival Ngouon. Une assise traditionnelle et culturelle qui a su conserver son authenticité malgré sa longue histoire et continue de susciter de la passion.
(De notre correspondant)
Du 3 au 9 décembre, se tient à Foumban, une ville située à l’ouest du Cameroun, la 544e édition du festival Ngouon. Pendant une semaine, le peuple Bamoun, peuple à l’honneur, va se consacrer au sacro-saint principe qui consiste à l’organisation de cette foire culturelle et commerciale devenue au fil du temps la véritable identité du peuple du monarque « Mbombo Njoya ».
Organisé pour la première fois en 1395, le Ngouon était à la base une fête qui durait trois jours. Pendant lesquels, la population se réunissait autour de son chef pour festoyer à la suite de bonnes récoltes. C’était une occasion pour les gardiens de la tradition de faire des parades et d’impressionner son peuple. Quelques années plus tard, le Ngouon est devenu une société sécrète qui joue un rôle déterminant dans la survie du royaume. Elle a la charge de parcourir toute la région pour rassembler les informations relatives aux griefs des habitants du royaume et pour constater les abus commis u nom du Roi.
Malgré cette autre forme qu’il prendra, le Ngouon continue tout de même à garder sa raison d’être. Yakué Dorothée, centenaire, se souvient de son époque et constate que le Ngouon a gardé son essence malgré quelques améliorations dues au temps. « Le ngouon était pour nous une occasion d’affirmer notre fierté d’appartenir au peuple Bamoun. Au cours du Ngouon, il y avait des événements étranges qui se produisaient lors de la sortie du Roi. On entendait des sonorités musicales dans l’air, mais l’on ne voyait jamais ceux qui jouaient. Cela faisait fuir les femmes. Mais après le festival, le royaume retrouvait la paix et tous les maux qui l’avaient miné auparavant disparaissaient comme par enchantement. Et c’est ça la magie du Ngouon », raconte-elle avec fierté. Près d’un siècle après ces événements, le même sentiment perdure.
Nchoutpouen Idriss, un jeune de 21 ans, reste optimiste quand aux retombées du Ngoun 2012 « actuellement les jeunes du peuple Bamoun ont une très mauvaise réputation, c’est des escrocs, des voleurs et autres. Mais je suis persuadé qu’avec la tenue du Ngouon, le Roi et la société sécrète du Ngouon vont prier et la situation sera largement meilleure ».
Organisé tous les deux ans, le festival Ngouon est célébré cette année sous le thème du « Peuple Bamoun », le mensonge est un fléau social, éloignons nous en ». Un thème fort, évocateur, auquel les vertus mystiques du Ngouon pourront apporter peut-être une solution.