La première édition africaine du New York Forum, organisé par Richard Attias, s’est achevée le dimanche 10 juin 2012 à Libreville, après deux jours et demi d’intense activité. Une semaine après, il est temps de tirer un bilan : ce Forum a tourné une page dans l’histoire économique et politique de l’Afrique.
Il fallait laisser passer quelques jours pour tirer les leçons de ce Forum dont l’organisation parfaite et le caractère exceptionnel empêchaient sur le moment de saisir toute l’importance. Une semaine s’est écoulée depuis les conclusions du Forum, il est temps d’y revenir pour mieux comprendre ce qui s’est produit à Libreville, et pourquoi ce premier NYF AFRICA marque un tournant historique.
Sommet mondial : réussite totale.
Premier point, majeur, essentiel : le Gabon a prouvé qu’il pouvait être l’hôte de manifestations économiques et diplomatiques d’importance mondiale : la Cité de la Démocratie n’avait rien à envier au bâtiment de verre de l’ONU à New-York : qualité des discussions, caractère mondial des panels, réunis au plus au niveau de responsabilité économique et politique, transparence des débats et facilité des prises de contact… Organisation remarquable, fluidité des échanges entre la presse internationale (représentée par ses fleurons, du Financial Times à TV5 Monde en passant par Euronews, France 24, RFI, CNN, CNBC, Telesud, VoxAfrica, etc) et les participants… Le professionnalisme et l’implication directe des équipes de Richard Attias ont fait merveille.
Le NYF AFRICA a inauguré une nouvelle relation de transparence totale dans la sphère économique entre intervenants des 5 continents. Les studios aménagés en marge du Forum fonctionnèrent en permanence, des centaines d’entretiens y furent réalisés, dans des conditions techniques parfaites. Il ne manquait ni un câble ni un branchement. La haute qualité technique de la prestation assurée ne laissait prise à aucune erreur ni à aucun défaut. D’où l’efficacité parfaite des équipes dépêchées sur place du monde entier.
Liberté des médias, absence de langue de bois
Transparence politique et économique, avec une constante, l’absence totale de langue de bois. Pas de retenue, pas d’hypocrisie, les intérêts de chacun portés clairement, sans fausse pudeur ni ambigüité, les vrais problèmes abordés de front, sans commisération ni complexe de supériorité ou d’infériorité. Les dirigeants africains et internationaux présents n’étaient pas là pour se faire voir, mais pour travailler ensemble et résoudre de manière pratique des cas concrets. Echanger les bonnes pratiques, inventer les solutions de demain, coordonner les investissements à réaliser, harmoniser les besoins du public avec les outils du privé, accélérer la conclusion d’accords ou de contrats. Est-ce parce que la crise mondiale rend plus urgente la recherche de solutions propres à l’Afrique? Toujours est-il que, comme le soulignait d’emblée le Président de Maroc Telecom, la croissance est là et bien là en Afrique. Durable, forte, auto-entretenue, avec des perspectives de soutien endogènes.
Un modèle de développement INCLUSIF
Que manque-t-il à cette Afrique qui décolle et qui constitue aujourd’hui l’avenir économique du monde? Seulement de mieux faire entendre sa voix, et de défendre ses propres couleurs sans fausse honte ni excès de modestie. Se faire connaître, inventer son modèle de développement et le défendre. Avec en tête cette vérité profonde qui assure aujourd’hui son décolage : le partage des richesses produites par la croissance doit être le plus large possible, pour que l’amélioration des conditions de vie des populations locales assure aussi le développement des marchés africains. L’Afrique entre aujourd’hui dans ses « trente glorieuses », les trente années de croissance rapide qui ont permis à l’Europe occidentale de se relever rapidement de la dernière guerre mondiale. Le succès des trente glorieuse fut bien sûr le fait de grands investissements structurels, et il en a été beaucoup question à Libreville. Mais il fut surtout le fait de l’expansion rapide des classes moyennes. C’est le pari d’une croissance « inclusive », selon l’expression d’Ali Bongo.
Coup de chapeau à Ali Bongo
Et dernière remarque, en forme de coup de chapeau. Ce n’est pas fréquent sous une plume de journaliste, et encore moins sur AFRIK.COM, dont l’indépendance est connue, reconnue, et permanente… Coup de chapeau à Ali Bongo, qui a fait avec le NYF AFRICA une triple démonstration sans faute : démonstration d’ouverture, il n’esquivait aucune question ; démonstration de compétence, il a suivi l’ensemble des débats, au plus haut niveau, virevoltant entre le français et l’anglais en prouvant sa parfaite compréhension des enjeux et des mesures à prendre ; démonstration d’indépendance enfin, c’est un Gabon décomplexé qui construit désormais son avenir, conscient des intérêts du peuple gabonais dans son entier et du contexte mondialisé dans lequel ils doivent être défendus. Chapeau, Mr President !