Netanyahu et la carte du Maroc : double jeu d’Israël pour plaire à l’ONU ?


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Benjamin Netanyahu LCI Sahara occidental s

Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a récemment déclenché une tempête diplomatique en présentant une carte du Maroc sans le Sahara occidental lors d’une interview télévisée en France sur LCI. Cet incident, que Tel Aviv qualifie de « simple erreur technique », pourrait être une manœuvre calculée pour aligner Israël avec les positions de l’ONU sur ce territoire contesté.

Lors de son apparition pour une interview sur la LCI, chaîne d’information du groupe TF1, Netanyahu a brandi une carte séparant nettement le Sahara occidental du Maroc, conformément au droit international, mais suscitant une vive réaction sur les réseaux sociaux et dans les médias marocains, habitués à une attitude beaucoup plus ouverte d’Israël sur la main mise marocaine sur ce territoire.

Bien que l’administration israélienne ait rapidement présenté des excuses au roi Mohammed VI, affirmant qu’il s’agissait d’une ancienne carte utilisée par inadvertance, certains observateurs se demandent si cette « erreur » était véritablement accidentelle. A noter par ailleurs que plusieurs centaines de manifestants avaient manifesté devant le siège de la télévision pour protester contre cette interview visant à légitimer la position d’Israël sur Gaza.

Ce n’est pas la première fois que Netanyahu se trouve au cœur d’une controverse similaire. En octobre 2023, une photo l’avait déjà montré avec la Première ministre italienne Georgia Meloni devant une carte du Maroc qui en détachait clairement le Sahara Occidental. En 2020, une vidéo d’une conversation entre Netanyahu et le roi Mohammed VI avait révélé la même carte, déclenchant l’indignation du peuple marocain.

Des doutes sur l’erreur

La répétition de ces incidents laisse planer le doute sur leur nature accidentelle. Certains analystes suggèrent que Netanyahu pourrait utiliser ces images pour naviguer dans les délicates eaux de la diplomatie internationale, en maintenant une apparence de neutralité sur des sujets controversés comme la souveraineté du Sahara occidental, un territoire que l’ONU considère comme autonome mais que le Maroc revendique comme sien.

L’incident survient dans un contexte de tensions accrues entre Israël et plusieurs pays arabes, notamment à cause du conflit en cours en Palestine. Le Maroc a naturellement condamné les actions militaires israéliennes et a appelé à un cessez-le-feu immédiat et à la protection des civils palestiniens. Cette condamnation pourrait expliquer en réplique le clin d’oeil à la situation contestable où se trouve le Sahara occidental. Une sorte de retour à l’envoyeur. Si vous contestez notre intervention dans les territoires palestiniens, vous voulez qu’on parle de votre colonisation du Sahara occidental? Je te tiens par la barbichette…

En dépit des excuses et des assurances postérieures de Tel Aviv quant à son soutien à la marocanité du Sahara, la suspicion demeure. La diplomatie israélienne pourrait chercher à améliorer sa position à l’ONU en adoptant tacitement une position conforme aux résolutions internationales tout en évitant de s’aliéner le Maroc.

Un coup à la normalisation des relations entre le Maroc et Israël

Alors que la normalisation des relations entre Israël et le Maroc, initiée en décembre 2020 dans le cadre des accords d’Abraham, était en bonne voie, ces incidents répétés viennent saper la confiance entre les deux nations. Les échanges économiques et la coopération militaire se poursuivent discrètement, mais la perspective de l’ouverture d’un consulat israélien à Dakhla, justelent au Sahara occidental, paraît désormais lointaine.

Cette situation complexe souligne les défis auxquels sont confrontés les diplomates dans un environnement géopolitique volatil. La présentation de la carte tronquée par Netanyahu pourrait être interprétée comme une tentative de marcher sur une ligne diplomatique fine, en essayant de maintenir des relations équilibrées avec ses alliés tout en respectant les positions de l’ONU.

En fin de compte, que cette carte soit une véritable erreur ou une stratégie délibérée, l’incident reflète les tensions persistantes et les enjeux géopolitiques complexes qui définissent les relations entre Israël et les pays arabes, y compris le Maroc.

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