Net trip en Ouganda


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Drapeau de l'Ouganda
Drapeau de l'Ouganda

Le quotidien américain The Washington Post a publié un reportage photo des massacres de la secte des Dix Commandements de Dieu sur sa version on-line. Une nouvelle forme de grand reportage appelée à se développer.

C’est un homme jeune. Le photographe, l’a cadré de près. L’objectif n’a retenu que son visage. Une main élégante tenant une herbe odorante couvre son nez, laissant un regard insondable envahir l’écran. Tout est dit sur ce qu’ont ressenti les habitants de Kanungu, petite ville ougandaise, en découvrant les victimes de la secte des 10 Commandements de Dieu.

La version en ligne du Washington Post publie une galerie de photographies réalisées par le reporter Dudley M Brooks au moment des faits. Son titre dont la résonance biblique fait froid dans le dos :  » Tu ne tueras point « .

Regards hallucinés

Ce nouveau mode de présentation du photo-reportage est en passe de devenir un genre journalistique à part entière par la magie du Net. Les clichés se succèdent par des fondus enchaînés, et, plus que l’horreur des corps carbonisés, ce sont les regards des vivants sur le carnage qui saisissent d’effroi l’internaute. Regards où se mêlent résignation et incrédulité. Regards révulsés par l’insoutenable odeur des corps en décomposition. Regards hallucinés perçant au-delà des différents bâillons qui masquent les visages.

Ailleurs, les prisonniers de droit commun réquisitionnés pour procéder aux inhumations vaquent à leur occupation avec la nonchalance inimitable des contraints. L’absurde est allé loin de ce côté-ci de l’Ouganda. Les milliers de corps enterrés à la va vite ont dû être exhumés pour les médecins légistes, armée de zombies étendus, attendant le repos devant une fosse béante. Ailleurs encore, un homme traîne ce qu’il reste d’un enfant au bout d’une corde. D’autres bambins contemplent librement les corps, auprès d’une femme effondrée. Certains détournent pudiquement la tête, mal à l’aise devant la douleur d’un adulte. D’autres plongent de grandes prunelles noires dans l’objectif, le confinant dans un rôle d’intermédiaire entre le spectateur et l’informulable question d’un enfant. Que se passe-t-il ? A cette question, aucun adulte ne peut apporter une réponse convenable. Alors, là encore, il ne reste que le regard.

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