La violoncelliste algérienne Nesrine Belmokh est également la voix enchantée du nouveau trio NES, qui sort son premier album éponyme. De formation classique, aux côtés du violoncelliste Matthieu Saglio et du percussionniste David Gadea, ils créent une musique aux confins de l’Orient, du jazz, et de leur propre univers intérieur… Une réussite.
Sur FIP, la radio française qui diffuse tous les genres de musique, il y a quelques semaines j’ai entendu quelque chose de magnifique. Merci la technologie : le site internet de FIP m’apprenait que c’était « Ahlam », du groupe NES, dont je venais de recevoir le disque, et que je n’avais pas encore écouté…
J’étais captivée. Une voix de femme chantant en arabe classique, riche de modulations et d’émotion, un violoncelle qui l’accompagne et se fait oriental à son tour, des percussions sourdes comme un coeur qui bat, quelques cordes pincées…
Le trio NES, dont voici le premier album, très réussi, est à notre sens le premier trio qui inclut une voix et… deux violoncelles ! Car NES est composé de :
Matthieu Saglio, violoncelliste que nous suivons depuis ses débuts, et qui nous émerveille sur cet instrument dans chacune de ses expériences musicales, du flamenco-jazz de Jerez Texas au violoncelle solo de Cello Solo, en passant par Diouké, groupe formé avec le joueur de kora Abdoulaye N’diaye ;
Nesrine Belmokh, qui fut d’abord violoncelliste classique, jouant notamment dans le West-Eastern Divan Orchestra de Barenboïm, et qui est ici à la fois sur son instrument, en cordes pincées, et au chant ;
et enfin du percussionniste David Gadea, qui accompagne les plus grands artistes de flamenco en Espagne. Tous trois se sont rencontrés à Valence en Espagne, où ils vivent.
Si Nesrine Belmokh chante ici en arabe, en français et en anglais, nous préférons de loin les compositions (toutes de Nesrine et de Matthieu) où elle chante dans cette langue arabe classique qu’elle magnifie si bien. Surtout, Nesrine se réapproprie l’ancienne tradition du chant arabe, où, comme à l’opéra, la même voyelle peut être modulée pendant de longs instants, mini-mélodie sur une seule syllabe : Ahlaaaaam, Habiiiiiiiibi,….
Et puis, les mélodies orientales siéent particulièrement au violoncelle, dont le son, toujours un peu mélancolique pour cet instrument, épouse parfaitement la mélancolie du chant arabe classique…
Et puis encore : tant de groupes dans le monde chantent en anglais ou en français, que lorsque l’on a la chance de maîtriser plusieurs langages musicaux, du classique au jazz, tout en étant capable de chanter en arabe, autant valoriser cette langue, encore trop rare dans le monde international des musiques actuelles.
Un album couleur de nacre et d’or, où l’Orient est rajeuni et revivifié. Toutes les dates de leur tournée européenne sur leur site.
CD : NES, « Ahlam » – Nesrine Belmokh, Matthieu Saglio, David Gadea – The Act Company