La tradition de rendre hommage, de leur vivant et non à titre posthume, à ceux qui servent leur génération m’oblige dès à présent, en ce qui concerne Nelson Mandela, à revoir, pour ne pas l’oublier, son parcours politique unique, ainsi que ses supposés dauphins, au sens panafricain du terme, susceptibles de reprendre le flambeau.
Au soir de sa vie, de Nelson Rolihlahla Mandela, né le 18 juillet 1918 à Mvezo en Afrique du Sud, on peut dire qu’il a eu une existence courageuse, tant sur le plan familial que politique. De lui, l’histoire retiendra, entre autres, qu’avec Oliver Tambo, ils furent les deux premiers avocats noirs à Johannesburg.
Un vie consacrée à la lutte pour le peuple africain
Sur le plan politique, très tôt, inspiré par Gandhi, il prône la non-violence face au régime d’Apartheid, et se fait élire en 1952 président de l’ANC du Transvaal et vice-président national de ce parti qu’il avait rejoint dès 1944. Il mène d’abord avec l’ANC la defiance campaign qui prône la désobéissance civile contre les lois ségrégationnistes. Cette désobéissance s’avérant improductive et les souffrances imposées au peuple majoritaire noir de son pays devenant insupportables, Nelson Mandela, n’ayant pas le choix, à l’instar des résistants français qui s’opposèrent par tous les moyens, y compris par les armes et actes de terrorisme à l’occupation de la France par les nazis, abandonne la non-violence et crée en 1961 Umkhonto we Sizwe en abrégé MK, la branche militaire de l’ANC, par le biais de laquelle Mandela et ses collègues de toutes ethnies ainsi que des amis étrangers mèneront une lutte radicale et légitime face au gouvernement négrier de Pretoria. Dans ce combat, trahi par la CIA, il fut arrêté en clandestinité et fut condamné le 12 juin 1964, lors du procès de Rivonia, pour complot visant à renverser le gouvernement. A l’issue de ce procès, le futur prix Nobel de la paix dira : « Toute ma vie, je me suis consacré à la lutte pour le peuple africain. J’ai combattu contre la domination blanche et j’ai combattu contre la domination noire…Mais, si besoin est, c’est un idéal pour lequel je suis prêt à mourir ».
Pour une politique de réconciliation et la discrimination positive
Pourtant, après 27 ans de prison, la terre entière a donné raison à sa lutte, fut-elle armée. Ironie du sort, ce sont les mêmes nations occidentales qui commerçaient jadis avec le régime d’Apartheid qui, par leurs médias aux ordres, ont porté le Leader africain au firmament d’une popularité planétaire sans pareil. Élu président de la République en 1994, il prônera au plan interne une politique de réconciliation et la discrimination positive visant une meilleure représentation de la majorité noire dans les différents secteurs économiques ayant permis la création d’une classe moyenne noire d’environ 2 millions de personnes pour un total de 40 millions d’habitants. La perfection n’étant pas de ce monde, il lui sera reproché, par exemple, le fait de ne pas s’être représenté à la présidence de la République pour un 2ème mandat ou encore l’accaparement encore en 1999, année de la fin de son mandat, de 80 pour cent des terres par les Blancs.
Au-delà de son pays, tout un continent avait espéré en cette Afrique du Sud puissante et libre pour prêter main-forte aux autres nations africaines qui croupissaient encore sous le joug de l’esclavage, afin qu’elles expérimentent également la souveraineté effective. Mais épuisé par la longueur de la lutte, non seulement le leader sud-africain ne pouvait aller au-delà des accords signés avec Frederik De klerk, semble-t-il, mais encore, la Sagesse divine nous apprend que : « La bonne volonté, quand elle existe, est agréable en raison de ce qu’elle peut avoir à sa disposition, et non de ce qu’elle n’a pas »…
«Thabo Mbeki tente la mise en échec des prédations de l’Occident»
C’est donc son successeur Thabo Mbeki qui se collera à la tâche de mise en échec des turpides criminelles et prédations des nations occidentales, regroupées en association de malfaiteurs via des structures telles que l’Onu. Cependant, le temps qui lui était imparti, de 1999 à 2008, ne lui aura pas permis d’influer concrètement au-delà de l’Afrique australe, c’est-à-dire des pays de la SADC. Qu’à cela ne tienne : dès 2005, le président Thabo Mbeki s’était opposé à la tentative de coup d’Etat en Côte-d’Ivoire contre le régime constitutionnel du Président Laurent Gbagbo, s’étonnant de la présence dans ce pays de milliers de soldats représentant « une armée d’occupation » venant d’un Etat européen. A n’en point douter, encore Président de l’Afrique du Sud, il se serait opposé avec force au coup d’Etat du 11 avril 2011 ayant donné lieu au kidnapping sanglant du Président Laurent Gbagbo par des armées occidentales et sa déportation dans le prétoire de la CPI à La Haye.
«Jacob Zuma a préféré se lier aux intérêts obscurs»
Malheureusement, l’un des successeurs de Nelson Mandela, en l’occurrence Jacob Zuma, a préféré se lier aux intérêts obscurs douchant au passage le peu qui restait de la dignité africaine.
Jean-Pierre Fabre au Togo, Ngarjely Yorongar pour le Tchad, Etienne Tshisékedi wa Mulumba pour la RDC et bien d’autres embastillés, séquestrés ou contraints à l’exil, les Kwame Nkrumah, Nasser, Nyerere trahis, Samora Machel, Thomas Sankara, Moshood Abiola… assassinés, Kadhafi lâchement éliminé pour faire main basse sur le pétrole libyen, Bouteflika diminué par l’âge dans une Algérie fermée, Mohamed Morsi préoccupé par la lutte pour l’occupation de l’espace politique et de la rue par ses partisans « Frères musulmans » et ceux arrivés légitimement au pouvoir et évincés, même dans le sang, par les nations qui choisissent encore les Guides en Afrique…
Urgence de le reprise du flambeau de Madiba
Il y a urgence, pour la terre africaine, et dans son strict intérêt, que de vrais leaders parviennent à la liberté, en vue de la reprise du flambeau de Madiba, pour porter loin l’idéal africain d’indépendance et de vie qui demeure intact.
Au crépuscule de sa vie, le vœu de notre cœur est que Dieu soit favorable à Nelson Rolihlahla Mandela lors de leur rendez-vous, après le dur labeur qu’il a mené pour les générations futures. Enfin, que l’espoir qu’il nous laisse en héritage demeure vivant en chacun de nous et au-delà de la terre africaine ; car à l’instar du « térébinthe et du chêne qui conservent leur tronc quand ils sont abattus » comme le stipule la Sagesse divine, un germe reprendra à coup sûr le bâton.