Etre femme, noire et à la fois chef d’entreprise, une addition qui peut encore étonner mais pour Nelly Cambervelle, à coup sûr, c’est loin d’être un handicap. Après avoir navigué dans de grandes entreprises internationales à des postes stratégiques, cette femme d’origine martiniquaise, expérimentée dans le conseil, a décidé de développer une activité à son image qui allie business et développement personnel. Sa dernière initiative, L comme Lucie, entend apporter un coup de pouce aux jeunes issus de la diversité.
Nelly Cambervelle reçoit dans ses bureaux installés place Vendôme. Un signe extérieur de réussite pour cette femme de 50 ans devenue experte dans le monde mal connu du conseil en entreprise. Le visage souriant, la poignée de main franche, la chef d’entreprise a tout de l’exécutive woman. Son dernier « bébé », Helia Partners, a seulement quelques mois. Cette société spécialisée dans le développement d’entreprises fait appel à un réseau d’experts séniors qui ont une connaissance des grandes et des petites entreprises. Aspect juridique, économique, communicationnel, toutes les facettes nécessaires à la mise en place d’une activité professionnelle sont centralisées par elle. Sans oublier le développement personnel de l’entrepreneur : « Souvent c’est la personne qui est à la tête d’une entreprise qu’il faut booster pour éviter qu’elle ne devienne inconsciemment un facteur limitant. » C’est en autodidacte, à travers la lecture de livres mais aussi via son expérience dans de grandes entreprises américaines comme Hewlett-Packard qu’elle développe sa fibre « épanouissement personnel ».
Son itinéraire, elle le revendique comme atypique. « Je ne suis pas passée par toutes les grandes écoles. J’ai fait des maths au début parce que j’aimais ça. Comme quoi, ça mène à tout.» Un Deug de mathématiques-physique en poche, elle s’inscrit en DUT d’informatique. Sa première expérience, c’est à Steria en tant programmeur dans une unité de recherche et de développement. Hewlett-Packard lui tend rapidement les bras. Elle y restera 18 ans et évoluera au sein de l’entreprise rapidement. De la programmation, elle passe à la direction marketing de HP France. Amenée à travailler régulièrement avec ses homologues européens et américains, Nelly Cambervelle a adopté les méthodes de travail anglo-saxonnes. « Chacun est responsable. On fixe des objectifs et on laisse les individus les mener à bien. » D’ailleurs, l’entrepreneuse d’origine martiniquaise s’est forgé avec le temps une philosophie du « Yes I can ». A l’époque de la bulle internet, elle quitte HP et co-fonde une strat-up, structure de consulting et de formation en e-business à destination des dirigeants des grands groupes européens. Cette maman de deux grandes filles fonctionne à l’envie. Deux ans plus tard, elle rejoint les rangs d’Altime, une société de conseil dont elle devient l’associée.
Etre une femme noire est loin d’être un handicap pour cette amoureuse de l’Afrique mais plutôt un atout. « On se souvient de moi quand on me voit. Et puis, on a les limites que l’on se donne : si on se donne des limites, c’est évident qu’on n’ira pas plus loin. » A la quarantaine, Nelly Cambervelle traverse une crise existentielle et personnelle, une remise en cause qui l’a conduite à s’investir au sein d’une association chargée d’accompagner des projet de co-développement en Afrique. A la suite de cette expérience, elle a la conviction que l’aide ne doit jamais se limiter à de l’assistanat, qu’il a une autre façon de faire évoluer les choses. C’est là que lui apparaît progressivement l’idée de L comme Lucie, « une initiative qui donne des ailes à la diversité. » A travers Helia Partners, Nelly Cambervelle veut donner un coup de pouce à la jeune génération issue de la diversité ethno-culturelle qui pense le commerce différemment. Une dizaine de jeunes ont déjà fait appel aux services de sa société, des services payants que l’association L comme Lucie, du nom de sa mère, avancent temporairement. Et quand on évoque un éventuel échec, Nelly coupe court, c’est un mot qui ne fait pas partie de son vocabulaire. « Il faut avoir l’honnêteté de se regarder droit dans les yeux et se demander avec sincérité pourquoi il y a eu échec. C’est comme çà qu’on avance. » En femme d’affaires occupée, le téléphone retentit, le rendez-vous de 16 heures est arrivé.
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