Au Venezuela, les quilombos portaient le nom de cumbes et, étant donnée la large côte caribéenne du pays, beaucoup des soulèvements enregistrés là-bas étaient liés à la fuite des esclaves des îles antillaises voisines.
Le premier soulèvement connu a eu lieu dans la région de Coro en1532. Le leader noir le plus connu au Venezuela fut le Noir Miguel qui se révolta en 1552 avec des esclaves des mines de Buría, près de Coro. Miguel était appelé Roi par ses adeptes.
Les cumbes de cette région résistèrent de façon intermittente pendant plus de deux siècles. À partir de 1812, avec la guerre d’indépendance, de nombreux esclaves furent affranchis et la fuite quilombola diminua.
Au Venezuela comme en Colombie existe toujours jusqu’à présent, une région dans laquelle sont concentrées leurs populations noires les plus anciennes et les traditions afrovénézuéliennes les plus importantes, comme dans la région de Barlovento, sur la côte est. Comme les palenques de la région de San Basílio, Barlovento fut, également pratiquement isolé du reste du pays jusqu’aux années quarante du siècle actuel.
Il est également nécessaire de mentionner , le grand leader des esclaves affranchis du Panamá, Bayano, appelé Rei Negro par ses compagnons qui mena une importante rébellion en 1553. Capturé après trois années d’une dure poursuite, le vice-roi du Pérou lui accorda un traitement spécial et le déporta en Espagne. Il fut le seul leader quilombola qui reçut des esclavagistes des Amériques la peine légère de la déportation.
Enfin, il faut signaler que des mouvements de libération du régime esclavagiste équivalents allaient éclore pendant les presque quatre siècles de ce martyr humain dans de nombreux autres pays et régions du Nouveau Monde, tels que Veracruz au Mexique, au sud des États-Unis et dans pratiquement toutes les îles des Caraïbes : Barbade, Trinidad, la Martinique, la Guadeloupe, Providence, St. Vincent, St. Kitts, et d’autres comme l’illustre Alejo Carpentier :
« Si on avait une carte sur laquelle une lampe rouge s’allumait à chaque endroit ou les soulèvements d’esclaves noirs se produisirent sur le continent, on constaterait que, depuis le 16ème siècle jusqu’à présent, il y aurait toujours une lampe allumée à chaque endroit ».
La décennie des années 80 a vu naître une nouvelle conscience du rôle historique des luttes des noirs du Nouveau Monde contre le régime esclavagiste. Cette conscience allait surgir, de façon prépondérante avec le mouvement de décolonisation, lorsque certains de nos gouvernants et d’autres personnes d’influence commencèrent à percevoir que, aussi riches que soient les traditions politiques et culturelles européennes qui nous ont formé, l’eurocentrisme a ses limites, car, s’il est vrai que nous sommes des occidentaux, il n’est pas moins vrai que nous sommes afroaméricains.
Cuba, évidemment, inaugura cette nouvelle lecture de la tradition quilombola: la biographie de Esteban Montejo, faite par Mïguel Barnet, date de 1963, à peine quatre ans après la révolution socialiste dans ce pays.
Le gouvernement populaire de Michael Manley accorda à Nanny le rang d’héroine nationale de la Jamaïque en 1975.
De même à Guyana, en 1976, le gouvernement socialiste de Forbes Burnham ordonna l’édification, dans la capitale Georgetown, d’un monument en hommage au leader noir Cuffy, en rendant enfin justice à l’esprit libertaire de l’esclave de la plantation de Magdelenenburg qui, entre 1762 et 1763 dirigea la principale rébellion quilombola de l’histoire de la Guyana actuelle.
On peut également citer, le cas, à la fin malheureusement dramatique, de l’Île de la Grenade. Maurice Bishop, président assassiné durant l’invasion américaine, perpétrée par l’administration Reagan en 1983, avait récupéré la figure de Julien Fédon, l’esclave mulâtre qui mena le grand soulèvement de 1795.
On raconte que plus de trois cent noirs rebelles moururent au cours des batailles pour le contrôle politique de l’île, et selon un général britannique qui combattit contre eux, Fédon et certains de ses hommes sautèrent d’un précipice pour ne pas être faits prisonniers . Cela nous rappelle une des légendes les plus répandues sur la fin de Zumbi, selon laquelle il aurait sauté du Despenhadeiro do Macaco (L’Abyme de Macaco) pour ne pas se livrer à Domingos Jorge Velho.
Les sens attribués à ces deux épisodes similaires soutiennent cependant des idéologies de construction du héros exactement opposées.
Édison Carneiro cite cette « légende », selon lui initiée par Sebastião da Rocha Pita et la qualifie clairement de fausse, laissant transparaître la crainte que le choix de la mort au lieu de la possibilité de retour à l’esclavage, diminue dans une certaine mesure, la grandeur de Zumbi (1966:1011). Déjà en Grenade, comme nous le raconte Rafael Duharte Jiménez, lorsque la révolution a pris le pouvoir, »l’endroit d’où Fédort sauta dans l’abîme pour ne pas devenir prisonnier des britanniques est devenu un lieu sacré pour les grenadins, et est montré comme une fierté légitime aux visiteurs » (1992:179).
endant ses années d’études en Angleterre , Maurice Bishop est allé faire des recherches, sur des documents sur Fédon et le soulèvement de 1795, et durant son gouvernement révolutionnaire, intitulé Movimento Nova Jóia (Mouvement Nouveau Joyau – Bijou), Fédon fut élevé à la catégorie de héros national de Grenade. Voici comment Rosa Maria Torrez décrit l’enseignement de l’histoire en Grenade antérieure à la révolution da Nova Jóia:
« L’histoire officielle, que l’on enseignait dans les écoles de grenade était une chronique exhaustive des prouesses des pirates, des conquistadors et des rois anglais. La célèbre rébellion menée par Fédon et un groupe d’esclaves, autour de 1795, contre le régime esclavagiste et despotique des colonisateurs britanniques avait été incorporé à l’histoire comme un acte de barbarie » (s.d.:46)
La principale leçon que nous pouvons tirer de la brève expérience grenadine est justement de combattre l’amnésie chronique de notre population et récupérer, autant que possible, toutes nos sagas libertaires, en incluant une plus grande connaissance du rôle des quilombos dans la formation de la société brésilienne..
Traduit du Portugais