L’Algérie et l’Union européenne (UE) ont repris hier, et pour trois jours, à Bruxelles les négociations pour l’accord d’association. Cette 15e rencontre – round – examinera, selon l’ordre du jour, les questions commerciales relatives aux secteurs agriculture, pêche et services ainsi que les problèmes liés aux règles d’origine.
Le rythme des rencontres et le volume de l’agenda que discutent les deux parties indiquent que l’on s’achemine vers la signature de cet accord-cadre avant la fin de l’année. « Nous nous sommes lancé un défi commun, celui de conclure l’accord d’association avant la fin de cette année », avait déclaré le président Bouteflika lors de sa visite à Bruxelles le 10 octobre dernier. Les trois volets restants, sur les neuf que comprend l’accord-cadre, sont plus techniques et devront être vite bouclés.
Le retard accumulé depuis 1994, année d’interruption des négociations en raison de la situation sécuritaire que vivait l’Algérie, est dû aussi à des considérations politiques. Alors que l’Algérie était occupée à contenir une vague terroriste sans précédent et à expliquer son caractère international, l’UE, méfiante, ne prêtait qu’une demie oreille aux appels de l’Algérie et était également mobilisée à régler ses problèmes internes : crise yougoslave, élargissement à ses voisins de l’Est, réforme des institutions, lancement de l’euro, etc.
Crise afghane
Aujourd’hui, aussi bizarre que cela puisse paraître, la nouvelle crise afghane, alors qu’elle bouleverse les relations internationales, n’affecte en rien les discussions sur l’accord. Mieux, elle les relance et les clarifie sur des questions liées au terrorisme international, à la coopération judiciaire, au renforcement de la solidarité euro-méditerranéenne, etc. L’Algérie, autant que l’UE, est pratiquement obligée de hâter la signature de l’accord pour ne pas subir les contrecoups de la mondialisation économique qui submerge, chaque jour plus, les relations internationales.
L’UE, principal client et fournisseur de l’Algérie – et du Maghreb – réalise plus de 20 % de son chiffre d’affaires avec les USA et a lancé avec les Américains depuis 1999 le programme économique transatlantique (PET) qui vise à baliser les normes du marché mondial libre-échangiste. C’est-à-dire suppression de l’ensemble des barrières douanières et des contraintes réglementaires. C’est dans ce sens que l’accord de partenariat (libre-échange) que l’Algérie négocie aujourd’hui avec l’UE devient une nécessité pour les deux parties afin de ne pas être emportées par la vague de la mondialisation et l’offensive tous azimuts des Américains.
Le second défi pour un pays comme l’Algérie sera de faire avancer, vite, avec ses voisins maghrébins un marché commun, d’autant plus que les économies des trois pays maghrébins sont complémentaires sur bien des plans. La réussite de la future zone de libre-échange euro-méditerranéenne, portée par le processus de Barcelone, est aussi à ce prix. L’accord d’association euro-algérien est vital, et n’aura de réelles portée et force que dans un Maghreb économiquement intégré.
M’hammedi Bouzina