Sept joueurs africains évoluaient l’année passée dans le championnat de basket américain (NBA). Ils seront bientôt huit, avec l’arrivée du Sénégalais Saer Sène à Seattle, à moins que certains d’entre eux ne doivent quitter le « championnat du monde » à cause de leurs décevantes performances. L’ombre de celui qui remplacera la star congolaise Dikembe Mutombo est à peine visible à l’horizon… et ressemble à celle du soudanais Luol Deng.
« Pas dans ma maison ». C’est la réplique que Dikembe Mutombo aimait lancer à ses adversaires, en anglais ou en français dans le texte, après leur avoir asséné un contre humiliant aux pieds de son panier, dans sa raquette, sa maison. Débarqué en 1991 de l’Université de Georgetown, où il étudiait la physique, Dikembe « Block » (contre) a fait les beaux jours de son premier club, les Denver Nuggets. Elu à quatre reprises meilleur défenseur de la ligue (1995, 1997, 1998 et 2001), le Congolais (République démocratique du Congo, RDC) était également apprécié des fans, qui l’ont élu à huit reprises, et dès sa première saison, pour participer au All Star Game, la grande fête du basket américain, auprès de Michel Jordan, Patrick Ewing ou Shaquille O’Neal.
Mutombo a poursuivi sa carrière après le départ de l’autre star africaine de la NBA (National basket association), le Nigérian Hakeem « The Dream » Olajuwon, de trois ans son cadet, et du Soudanais Manute Bol, plus connu pour sa taille (2,30 m.) que pour son jeu. Mais depuis 2002, date à laquelle Dikembe s’est blessé au poignet, son temps de jeu et ses statistiques n’ont pas arrêté de chuter. Et l’ancien vendeur de pain de Kinshasa fait désormais plus parler de lui à l’occasion de ses opérations humanitaires que sur les parquets.
Une succession difficile
Il serait étonnant que Saer Sène, pivot sénégalais choisi fin juin dernier par les Seattle Supersonics à l’occasion d’une draft (le marché du basket US) qualitativement pauvre, reprenne le flambeau. Comme pour l’écrasante majorité des Africains qui ont évolué en NBA, c’est pour sa taille, son physique et ses qualités défensives que le basketteur né à Thiès, où il a débuté sa carrière en 2001, a été recruté. En 19 matchs, il n’a inscrit l’année passée que 3,1 points en moyenne avec le club d’élite belge de Verviers-Pepinster. Mais il dispose d’après son jeune âge – il a 20 ans – d’une marge de progression importante.
La lumière ne viendra pas de Didier Ilunga-Mbenga. Compatriote et ami congolais de Dikembe Mutombo, il évolue depuis 2004 aux Dallas Mavericks. Fils d’un homme politique assassiné en RDC dans des circonstances non résolues, il a obtenu l’asile politique à 17 ans avec sa mère, en Belgique, où il a appris à jouer au basket, lui qui était ceinture noire de karaté. A Dallas, le colosse n’a pas eu beaucoup l’occasion de s’exprimer. Il a connu son jour de gloire le 13 février dernier, lorsqu’il a réalisé cinq contres en 19 minutes contre les New York Knicks, mais ses lacunes offensives et sa défense agressive, qui occasionne de nombreuses fautes, pourrait l’obliger à changer d’air la saison prochaine.
C’est ce à quoi Pape Saw a été contraint en novembre dernier, lorsque son club des Toronto Raptors l’a cédé à l’Arkansas RimRockers, une ligue secondaire de la NBA. L’ailier fort sénégalais de 2,09 m avait gagné du temps de jeu par rapport à sa première année au Canada (14 min. contre 9 la première année), mais il n’a pas dépassé les 3,5 points de moyenne, avec autant de rebonds glanés. A 29 ans, Boniface N’Dong n’aura sans doute pas le temps de briller aux Los Angeles Clippers, où il est arrivé cette saison en provenance de la Jeanne d’Arc de Dijon. Le meilleur joueur de la dernière Coupe d’Afrique des Nations a été utilisé à 23 reprises par le club californien pour une moyenne de six minutes jouées, 2,2 points et 1,6 rebonds.
Luol Deng, ex meilleur espoir avec LeBron James
Michael Olowokandi s’est fait une place au soleil, mais n’a jamais atteint les sphères où a évolué sa star de compatriote Hakeem Olajuwon. Cela fait huit années que le pivot nigérian écume les parquets américains : cinq années aux Clippers (1998 à 2003), deux aux Minnesota Timberwolves et une dernière aux Celtics de Boston. Il a connu son pic de forme en 2002-2003, avec 38 minutes de jeu, 12 points, 9 rebonds et deux contres par match. Sa déjà belle carrière aurait pu décoller mais son départ aux Minnesota Timberwolves, la saison suivante, lui a fait perdre 20 minutes de temps de jeu, soit autant d’occasions de briller en moins.
Le troisième sénégalais qui a évolué l’année passée en NBA, De Sagana Diop, a suivi le parcours « normal » du basketteur américain : College (Lycée), Université, puis draft et NBA. Il a passé quatre ans avec les Cleveland Cavaliers, de 2001 à 2005, pour un petit rendement (2 points de moyenne et deux rebonds en 25 à 302 minutes de jeu). Ce qui n’a pas empêché les Dallas Mavericks de recruter le « défenseur de l’ombre », la saison dernière, et de lui accorder davantage encore de temps de jeu. Le Sénégalais a cueilli 5 rebonds par match et marqué toujours aussi peu (2,3 points), mais son entraîneur, Avery Johnson, lui a fait confiance et l’a aligné lors de 81 des 82 matchs de la saison régulière, souvent dans le 5 majeur. Il est par ailleurs le seul Sénégalais a avoir participé à une phase de play-off.
Né 1985 le 16 avril 1985 à Wow, au Soudan, Luol Deng est l’espoir du basket africain en NBA (universitaires non compris). Il est jeune, est arrivé il y a deux aux Chicago Bulls, de l’université de Duke, et le maillot du club mythique de Michael Jordan lui va très bien. Il est titulaire deux fois sur trois, joue plus de trente minutes par match, prend 6 rebonds et a marqué cette année 14 points en moyenne. Lorsqu’il était encore au lycée, il était considéré comme le joueur au plus fort potentiel derrière LeBron James (Cleveland). Des espérances qui se sont concrétisées puisqu’il a été élu dans le top 5 des Rookies (premières années) lors de sa première saison. Son parcours 2005-2006 a été encore meilleur et il n’est pas innocent dans la seconde qualification d’affilée des Bulls en play-offs. Seul problème, Deng, qui a grandi en Egypte et au Royaume-Uni, souhaite jouer pour l’Angleterre, même s’il n’a pas encore son passeport britannique.