Natura Brasil : le cosmétique éthique


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Natura Brasil

Natura Brasil n’est pas une entreprise comme les autres. Son credo : faire du bien aux hommes grâce à des produits cosmétiques tout en préservant la planète. L’entreprise brésilienne est aussi l’incarnation de la philosophie d’un homme qui croit aux vertus de la nature, du développement durable et de la vérité. Entretien avec son charismatique fondateur Luiz Seabra à l’occasion du lancement en France, en juin prochain, de la gamme Ekos pour soin du visage.

bresil.jpgEconomiste de formation, Luiz Seabra a démarré dans les cosmétiques à l’âge de 25 ans. En 1969, à Sao Paulo sa ville natale, il crée, avec un associé qui l’a quitté voilà 20 ans, le laboratoire et le magasin qui donneront naissance à la multinationale qu’est devenue Natura Brasil. Leader sur son marché national et première entreprise de cosmétiques en Amérique Latine, la firme, qui a fait du « bem estar bem » (bien être bien) son crédo, s’est lancée à la conquête du marché européen. Première étape : la France.

Afrik.com : Comment et pourquoi le développement durable s’est imposé comme un principe de fonctionnement de Natura Brasil ?

Luiz Seabra : Pour être franc, il faudrait des heures pour vous raconter toute l’histoire, toutefois je vais essayer de vous donner une idée de nos motivations. Notre vision repose, depuis la création de Natura Brasil, sur le fait que nous sommes un corps, une entreprise qui fait partie d’un tout. J’ai été profondément frappé, à l’âge de 16 ans, par cette phrase du philosophe grec Platon : ‘L’homme fait partie du tout, le tout fait partie de l’homme’. Cela a été une révélation. Depuis, cette notion d’appartenir à un tout ne m’a jamais quittée. Il ne faut pas penser à notre vie seulement, mais à la vie qui nous entoure. Pour Natura Brasil, le développement durable est une seconde nature : c’est comme penser à notre peau. Penser à ceux qui vivent en Afrique ou au pôle Nord, c’est considérer la planète comme notre maison à tous, comme le corps est celle de tout être humain. Le développement durable, c’est une façon de dire au monde que nous avons des héritiers et que, par conséquent, nous devons nous montrer responsables.

Afrik.com : Et pourquoi avoir choisi d’opérer dans les cosmétiques ?

Luiz Seabra : Tout simplement parce que c’est à travers la cosmétique que nous avons tout découvert. Pour moi, pour Natura Brasil, c’est un langage extraordinaire pour comprendre les gens. C’est la possibilité de les rendre plus intimes avec leur propre corps. Et à partir de ce moment-là, les gens ne font plus la guerre. Avoir la paix avec notre corps et notre temps, c’est changer notre cœur et notre conscience.

Afrik.com : Natura Brasil est une entreprise sociale. Comment le développement durable se gère-t-il au quotidien ?

Luiz Seabra : C’est une démarche complexe. Actuellement au Brésil, nous avons 4 500 collaborateurs directs et en Amérique Latine 500 000 conseillères de vente, comme je l’ai été à la création de Natura, que nous appelons des ‘consultantes’. Comment gère-t-on la question de l’environnement dans ce contexte ? Nous avons une direction tout entière consacrée à ces questions qui dispose par ailleurs d’un personnel et d’un budget conséquents. Pour vous donner un exemple concret, chaque fois qu’un de nos chercheurs met au point un produit ayant un faible impact environnemental, il est récompensé par une prime.

Afrik.com : En quoi la biodiversité brésilienne est-elle si particulière pour justifier que votre gamme internationale Ekos s’en inspire ?

Luiz Seabra : Le Brésil concentre plus de 30% de la biodiversité mondiale. On dit de l’Amazonie que c’est le poumon du monde. Par ailleurs, nous sommes des Brésiliens et à ce titre nous devons, sans chauvinisme aucun, valoriser les richesses de notre patrie d’origine. Cependant, il n’en demeure pas moins que nous nous considérons comme des citoyens du monde avec des cartes d’identité brésiliennes. C’est un truisme, mais il exprime bien notre sentiment profond.

Afrik.com : Pourquoi avez-vous choisi la France comme première étape de votre aventure internationale après l’Amérique Latine ?

Luiz Seabra : Beaucoup de gens nous posent cette question. La France est le berceau de la cosmétique moderne. La France m’a appris beaucoup de choses en termes de technique cosmétique. Et puis, nous avons ici en France de nombreux partenaires avec qui nous avons des relations de longue date. Pour toutes ses raisons, la France est apparue comme le meilleur endroit pour dire au monde toute notre gratitude envers ce pays pour tout ce qu’il nous a appris. Et lui montrer ce que nous avons développé dans notre cœur brésilien, inspiré par notre engagement en faveur de la vérité, la lutte contre les stéréotypes et la manipulation des esprits. Et également par notre intérêt pour la question environnementale.

Afrik.com : Il y a effectivement beaucoup de mensonges dans le marketing des cosmétiques…

Luiz Seabra : Malheureusement, nous sommes dans une civilisation qui s’appauvrit parce que les gens disent qu’il faut faire du marketing. Et quand ces derniers pensent marketing, ils pensent manipulation et mensonge. Ce n’est pas ça ! Nous sommes nés pour jouir de la vie et ce tout en essayant de le faire dans les meilleures conditions possibles. Cette éthique de relation est le fondement de notre entreprise.

Afrik.com : Que représente pour vous cette nouvelle gamme Ekos pour le soin du visage qui sera disponible en juin prochain sur le marché français ?

Luiz Seabra : Natura Brasil ne faisait, à ses débuts, que des soins pour le visage. Nous nous étions alors rendus compte que l’enthousiasme de penser les cosmétiques comme instruments de bien-être n’était pas partagé par le marché. Et ce n’est toujours pas le cas encore aujourd’hui. C’est encore la même tragédie ! Dans les vitrines, on vante des produits cosmétiques qui vous promettent 10 ans de moins. Evidemment, j’aime bien qu’à 64 ans, on me dise encore : ‘Ô que vous avez l’air jeune !’. Mon égo est flatté, mais ce n’est pas l’essentiel. Les gens ne méritent pas qu’on utilise le mensonge comme instrument de vente. La peur de la mort, c’est la peur de la vie, c’est la peur de tout ! Notre monde est devenu esclave de cette peur-là. C’est aussi un paradoxe énorme, car les gens veulent vivre longtemps, mais sans vieillir. Comment fait-on ? Même la physique quantique ne peut proposer une solution à ce problème !

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