Natacha Atlas : le jazz, finalement !


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Strange Days, de Natacha Atlas
Strange Days, de Natacha Atlas

Avec son dernier album, « Strange Days », la chanteuse égypto-anglaise Natacha Atlas a enfin trouvé son territoire, mélangé comme elle : le jazz !

Est-ce une référence à Billie Holiday, pour annoncer d’emblée que le disque sera un disque de jazz ? Car impossible de ne pas songer à « Strange Fruit », la célèbre chanson de l’icône de jazz américaine, avec ce titre, « Strange Days », qui semble comme un clin d’œil…

Car Natacha Atlas, qui ne cesse d’explorer de nouveaux territoires et univers, d’album en album, semble enfin avoir atteint sa destination – qui est tout un continent, autrement dit qui n’est pas point d’arrivée, mais point de départ pour d’autres aventures : le jazz ! L’artiste abandonne d’ailleurs ses looks orientaux de vedette de cinéma égyptienne, abondamment maquillée et photographiée en gros plan, pour poser sur la pochette en bottes de cuir et mini-jupes, en noir et blanc, et en pied !

Et en écoutant cet album, l’on comprend que l’artiste ne tendait que vers cela : le jazz. Car cette musique métissée de par sa naissance et son arbre généalogique – née en Amérique du Nord de musiciens noirs fortement imprégnés de la culture (musicale aussi) blanche dans laquelle ils vivaient – ne peut qu’accueillir en son sein des artistes comme Natacha Atlas, égypto-européenne parlant l’arabe et vivant en Europe depuis des décennies…

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Mais l’artiste nous dit aussi, dans ce disque, qu’elle n’oublie pas ses racines orientales – ainsi lorsque, dans « Maktoub », elle marie une phrase musicale chantée qui appartient totalement à l’univers de la chanson populaire égyptienne (la chanson « baladi »), y compris avec l’inévitable batterie de violons à l’unisson, aux trompettes et aux percussions jazzy de l’univers qu’elle affectionne. Ou lorsqu’elle chante tout un titre au nom anglais « Lost Revolutions », en arabe…

Nous avons particulièrement aimé la composition « Sunshine Day », sur un air de bossa-nova, univers chaleureux et métissé qui va à merveille à notre artiste orientalo-européenne. Et si la chanson est chantée en anglais, et même ici et là en brésilien, l’artiste glisse deux ou trois mots d’arabe – comme un discret « Ya Leyl » dans ce rythme brésilien ensoleillé.…

Saluons haut et fort ce nouvel album d’une artiste qui se maintient au sommet de son art, tout en se renouvelant constamment !

Commander le disque de Natacha Atlas, le CD « Strange Days » (chez Whirlwind Recordings)

Babelmed En partenariat avec BAB el med

Nadia Khouri-Dagher
LIRE LA BIO
Nadia Khouri-Dagher est une anthropologue et journaliste franco-libanaise spécialisée dans les sociétés arabes et africaines. Docteure en anthropologie, elle s’est fait connaître par ses nombreux articles et chroniques qui explorent les mutations contemporaines des sociétés africaines. Collaboratrice de longue date de médias tels que Afrik.com ou Amina, elle est également l’auteure de plusieurs ouvrages. À travers ses écrits et ses interventions, Nadia Khouri-Dagher s’attache à déconstruire les stéréotypes et à donner la parole aux voix souvent marginalisées du Sud global.
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