Entre deux concerts parisiens, Afrik.com a rencontré le groupe sénégalais Nakodjé. Et l’on découvre un concept à la fois musical et culturel où un solide afro-jazz fusion côtoie une belle initiative visant, à travers des ateliers pédagogiques d’initiation et de perfectionnement musical, à faire partager les richesses et la simplicité d’un patrimoine africain qui s’oublie.
Afrik.com : Comment est né le groupe Nakodjé ?
Kiki Bocande (bassiste) : Nakodjé est né de la rencontre entre trois hommes. Le ventiste américain Thomas Vahle (saxo et flûte peuhle), le balafoniste Ousseynou Mangane et le jour de Kalimba (piano à pouce ndlr) Gaby Ba. Au départ, il s’agissait d’ateliers de recherche musicale. ils travaillaient à une fusion harmonique d’instruments qui n’ont pas l’habitude de jouer ensemble. Petit à petit, ils ont invité d’autres musiciens à se joindre à eux, c’est comme ça que j’ai rejoint le groupe, tout comme Ndakhté (le batteur ndrl) et Lamine (percussionniste). Voilà pour les musiciens, mais Nakodjé c’est aussi son manager, Brigitte (Allamand ndrl), sans qui nous ne serions pas là où nous sommes aujourd’hui.
Afrik : (à Mme Allamand) Ils semblent très reconnaissants à votre égard.
Brigitte Allamand : Non, je crois qu’il n’y a pas de reconnaissance à avoir, nous faisons tous partie d’une même famille. Chacun à son rôle, eux ils jouent et moi je m’occupe de toute la paperasserie.
Afrik : Quand on est suisse comme vous, comment en arrive t-on à être le » manager » d’un groupe sénégalais ?
B.A : Pour eux j’ai tout plaqué. Avant, j’étais enseignante de français à Paris. Je les ai découverts en 1998 à Dakar lors d’un concert au Centre Culturel Français, et là je suis tombée sous le charme. Je suis allée les voir, ils n’avaient pas d’agent, pas même une simple démo pour qu’on puisse écouter leurs talents. Il n’y avait rien à faire, je me suis dit que leur musique gagnerait à être connue et que ça serait dommage qu’elle ne le soit pas. Maintenant on tourne ensemble et on partage tout, nos joies comme nos peines.
Afrik : Vous êtes lauréats du prix » Afrique en création » en 1998, vous faites des concerts au Sénégal, en Suisse, en France. Est-ce que vous vous attendiez à un tel succès ?
Ndakhté Ndiaye (batteur) : Non, c’est vrai qu’on a eu une ascension très rapide avec le groupe. Des fois on a du mal à réaliser notre chance. A la base, on était des musiciens qui voulaient faire de la musique juste pour l’amour de la musique. Quand on a commencer à nous parler de contrat à l’étranger, on a dû se structurer. Avec Brigitte nous avons créé un groupement d’intérêt économique pour avoir un vrai cadre administratif pour le groupe.
Afrik : Nakodjé, plus qu’un simple groupe, mène également certaines actions culturelles sur le terrain. Expliquez-nous.
K.B : Depuis le début, parallèlement à l’activité du groupe, nous tenons des ateliers éducatifs musicaux à destination des jeunes et de moins jeunes. On y apprend à construire des instruments de musique à partir d’objets de récupération. Et on donne aussi des cours d’apprentissage d’instruments traditionnels africains comme le balafon, le kalimba ou le djembé par exemple. Tout cela ça fait partie de notre patrimoine culturel et on aimerait le faire découvrir à tous.
Afrik : Avec tout ça, la scène a t-elle une véritable importance pour vous ? N’est-elle pas accessoire ?
K.B et N.N : (sourires) Ah non non non, la scène : c’est le plus important ! Ça n’a rien à voir avec le studio, c’est notre moyen d’expression, on y explose. Si vous avez l’occasion de venir nous voir, vous verrez, ça bouge beaucoup, ça déménage.