Najat Vallaud-Belkacem a été nommée, le 16 mai 2012, ministre des Droits des femmes et porte-parole du gouvernement français de Jean-Marc Ayrault. Mais avant d’arriver au sommet, la jeune franco-marocaine a parcouru beaucoup de chemin.
Najat Vallaud Belkacem voit le jour le 4 octobre 1977 dans le petit village déshérité de Béni Chiker, dans la région de Nador, au Maroc. A quatre ans, elle quitte le royaume chérifien pour la France, à Amiens où elle rejoint son père dans le cadre d’un regroupement familial. Sa nationalité française, elle ne l’aura qu’à 18 ans…
Jusqu’à aujourd’hui, Najat Vallaud-Belkacem refuse d’être enfermée dans la définition raccourcie d’« enfant d’immigrés ». A ce sujet, la ministre est claire : la France est son pays et le parti socialiste sa deuxième famille. Dix ans de militantisme et de mandats locaux avant d’être propulsée, le 16 mai, dans la cour des grands.
Ce qui ne l’empêche pas de garder des liens forts avec son pays natal. Elle a mis à profit, pendant quatre ans, son expertise au service du Conseil de la Communauté marocaine à l’étranger (CCME). C’est donc un balai de va-et-vient entre l’Hexagone et son pays natal qu’entreprend Najat Vallaud-Belkacem, tout en continuant à se battre contre les discriminations dont sont victimes les étrangers et tout particulièrement la communauté marocaine à l’étranger ainsi que pour faire respecter les droits des femmes. Elle quitte l’institution marocaine en décembre 2011 pour se consacrer à la campagne de François Hollande.
D’ailleurs, jusqu’à aujourd’hui, Najat Vallaud-Belkacem subit de la part du Front national d’incessantes attaques à propos de sa double nationalité. Il lui est non seulement reproché de défendre l’identité marocaine en France mais surtout d’occuper un poste gouvernemental alors qu’elle a une double nationalité. En fait, même si la ministre des droits des Femmes le voulait, il lui est interdit de renoncer à sa nationalité marocaine car cette solution n’existe pas dans la loi. Un Marocain reste marocain toute sa vie, et ce, qu’il le veuille ou non. Mais ces piques, elle n’en a que faire. Et pour cause, la jeune ministre vient d’une région marocaine où les habitants sont réputés avoir un caractère bien trempé, combatif et coriace !
Un parcours, une réussite
Najat Vallaud-Belkacem est, bon gré mal gré, un exemple de l’intégration et de la réussite. Et même si à deux reprises l’ENA lui est passée sous le nez, elle a fait de brillantes études à la prestigieuse Ecole des Sciences Politiques de Paris. Deuxième d’une fratrie de sept enfants, celle qui avoue à demi-mot être « passée entre les gouttes de la discrimination », peut aujourd’hui remercier sa mère et sa sœur aînée qui l’ont poussée à parier sur les études supérieures.
C’est d’ailleurs à Science Po qu’elle rencontre son époux, Boris Vallaud, avec qui elle aura des jumeaux, aujourd’hui âgés de trois ans. Elle fait aussi la connaissance de Caroline Collomb, la femme du maire socialiste de Lyon. Un tremplin qui lui permet d’occuper, en 2003, un poste dans le cabinet du maire-sénateur PS. Petit à petit, elle gravit les échelons jusqu’à devenir conseillère régionale puis adjointe au maire de Lyon chargée des grands évènements, de la jeunesse et de la vie associative. Seule contrariété, elle ne parvient pas, à deux reprises, à se faire élire député. Un chiffre deux qui finira par lui porter chance…
Après une rencontre avec Ségolène Royal dans un vol Porto-Paris, la jeune femme va tout de go et au culot proposer ses services à la candidate socialiste à la présidentielle de 2007. Ségolène Royal croit en elle et lui fait confiance. Elle l’engage alors comme porte-parole. Najat Vallaut-Belkacem est restée fidèle à Royal jusqu’aux primaires socialistes, en octobre 2011 quand, sans hésitation, elle rallie le gagnant, François Hollande, et devient son porte-parole. Tous deux assurent avoir travaillé ensemble par conviction. Aujourd’hui encore, François Hollande continue à faire confiance à l’enfant de Béni Chiker. La voilà donc ministre des droits des femmes, et porte-parole du gouvernement.