Le collectif « Souveraineté panafricaine », qui a vu le jour en 2011, a été officiellement lancé jeudi 25 février à Paris. Son objectif, mettre un terme à l’impérialisme occidental qui empêche le continent africain de prospérer et instaurer les Etats-Unis d’Afrique.
A Paris,
Des drapeaux de plusieurs dizaines de pays du continent sont accrochés au mur de la salle où la conférence sur le lancement du collectif « Souveraineté panafricaine » s’apprête à commencer, à Paris. Martin Sali, un des dirigeants de l’organisation, très minutieux, effectue les cent pas pour régler les derniers détails qui restent avant l’arrivée des convives. Très élégant, vêtu d’une veste et cravate parfaitement assorties, il est un peu tendu mais garde toutefois sa bonne humeur. « Nous attendons encore quelques retardataires mais nous allons commencer dans quelques minutes. Alors un peu de patience, je vous prie », dit-il de sa voix grave aux premiers arrivés. Il faut dire que c’est le grand jour pour le lancement officiel du collectif pour la Souveraineté panafricaine.
Très rapidement, la salle se remplit. Les responsables de l’organisation prennent place face à leur micro. Et c’est Blandine Diafutua, la présidente du mouvement, qui prend la parole devant plus d’une cinquantaine de personnes. Bien qu’on ne le présente officiellement qu’aujourd’hui, « le collectif est né en 2011 au lendemain de nombreux coup d’Etats en Afrique. Sa mission est de chasser l’impérialisme qui règne sur le continent pour instaurer les Etats-Unis d’Afrique, lance-t-elle. L’objectif est que les Africains soient acteurs de leur devenir politique, économique et social », explique-t-elle, soulignant que le panafricanisme qu’on défend est un « panafricanisme participatif et engagé qui appelle à la participation de tous pour changer la donne dans le continent », avant de présenter tous les autres dirigeants assis près d’elle. Ces derniers prennent la parole pour expliquer les différents enjeux qui se jouent actuellement sur le plan économique, social, politique, culturel, ou encore militaire. D’où, selon eux, l’importance d’un collectif tel que « Souveraineté panafricaine », qui tente aussi d’apporter des solutions aux maux du continent
« L’Afrique doit avoir sa propre monnaie »
La biologiste Malalou Koumba explique par exemple le joug de la France en Afrique francophone avec le système monétaire du FCFA qui maintient toujours les économies africaines qui utilisent cette monnaie à genoux, appelant sous les applaudissements de la salle à « une souveraineté monétaire de l’Afrique ». Pour sa part, Oumar Kane incite, notamment, la diaspora à s’intéresser aux matières premières en Afrique et à investir dans le secteur, car elle constitue un des leviers de développement du continent. « Il faut que les gouvernements aient un contrôle sur les prix des matières premières qui sont encore trop bas », soulignant que l’Afrique doit parvenir à transformer ces matières premières pour en tirer le plus grand bénéfice.
Martin Sali, qui ne mâche pas ses mots à l’encontre des « dictateurs au pouvoir en Afrique », estime que « c’est à la société civile africaine de mettre un terme à ce système ». Céleste Ollomo, lui, analyse l’échec des révolutions arabes, soulignant qu’aujourd’hui tous les pays comme l’Egypte, la Libye sont rongés par le terrorisme, « sans compter la jeunesse tunisienne qui vit le chômage de masse ». Son voisin Abel Naki, revenu sur la naissance du panafricanisme en Afrique, affirme qu’il faut « une nouvelle génération de leaders africains qui doivent être formés dans tous les domaines : politique, intellectuel, ou économique ».
Maurice Makwala insiste, pour sa part, sur l’importance que le continent acquière une souveraineté militaire. « Sans souveraineté militaire, on ne peut rien accomplir en Afrique, car il faut d’abord instaurer la sécurité dans chaque Etat », dit-il . Quant à Saliou Madianka, s’adressant à la diaspora qui transfère énormément d’argent dans leurs pays d’origines, il appelle à mieux organiser l’envoi de l’aide et responsabiliser les populations africaines en les poussant à s’intéresser aussi au développement du continent. Emery Omdoz aborde, lui, toutes les grandes problématiques qui rongent le continent, dont la cherté des prix des denrées alimentaires de première nécessité, ainsi que les dysfonctionnements au sein des systèmes sanitaire et éducatif. Selon lui, l’une des solutions pourrait venir de la diaspora si elle participait financièrement, régulièrement, en cotisant pour mener des projets de développement sur place.
« Comptez sur nous, on ira jusqu’au bout !»
Face à cette présentation très animée, les intervenants sont félicités tour à tour pour leur exposé et leur initiative qui redonne de l’espoir. Seulement, la grande question pour beaucoup dans la salle est de savoir s’il s’agit d’un énième collectif panafricain qui se nourrit seulement de beaux discours sans concrètement agir ? « Non nous sommes un collectif d’action, tous bénévoles, et œuvrons d’ailleurs depuis 2001. On a mis du temps à officiellement se déclarer car on voulait réunir toutes les organisations ici au sein de la diaspora qui se battent pour l’Afrique », explique Saliou Madianka. Mais d’autres intervenants n’ont pas aussi manqué de souligner que désormais il « faut cesser de toujours imputer aux Occidentaux les malheurs de l’Afrique car l’Africain est responsable de son propre malheur. Il n’est pas solidaire avec les autres du continent et n’hésite pas à faire du mal à son frère pour ses propres intérêts. Et c’est ce que les ennemis de l’Afrique ont compris depuis le temps de la colonisation et n’ont pas hésité à s’en servir pour nous diviser. Pour nous en sortir, nous devons faire preuve de solidarité entre nous et nous aimer les uns les autres ».
Pour cette intervenante du nom de Christine Zekou, venue aussi assister à la présentation du collectif, « l’initiative est belle. Vous êtes comme les panafricains à l’époque, à leurs débuts. Mais ils ont échoué car ils se sont fait avoir et sont tombés dans les pièges de leurs ennemis. Mes enfants, ne faîtes pas les mêmes erreurs qu’eux, ne vous laissez pas diviser, corrompre ou distraire. Surtout, soyez unis. Sinon, votre collectif finira dans l’échec comme les autres ». « Comptez sur nous maman Christine », lui répond Martin Sali. « Nous irons jusqu’au bout ,ayez confiance en nous. On a aussi besoin de votre confiance et je vous promets que ce ne sont pas que des paroles, nous irons jusqu’au bout de nos ambitions pour le continent. Nous sommes sur le terrain systématiquement et nous y arriverons », assure-t-il sous un tonnerre d’applaudissements du public. Tous les participants sont aussi invités à venir régulièrement aux réunions du collectif qui dévoilera, au fur et à mesure, ses stratégies pour atteindre ses objectifs. Mais pour l’heure, ils sont conviés à tous se regrouper pour la grande photo de famille, avant de se voir offrir un cocktail bien mérité après cette soirée de présentation riche et exhaustive.
Pour plus d’informations sur le collectif :
Contact : spanafricaine@gmail.com
Twitter : @spanafricaine
Facebook : Groupe public Souveraineté panafricaine
Site Internet : www.afriquesouveraine.com