Naissance de « ELLE », version orientale


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Désirée Sadek

ELLE Oriental a été lancée vendredi à Beyrouth, au Liban. Cette nouvelle version du célèbre magazine féminin ELLE, qui sera éditée en français et en anglais, devrait être disponible au Maghreb dans quelques jours. Désirée Sadek, directrice de la rédaction au Liban, revient sur les spécificités de ce nouveau venu, très attendu.

Désirée Sadek ELLE fait la danse du ventre. Le célèbre magazine féminin a lancé, vendredi dernier à Beyrouth (Liban), sa version orientale. ELLE Oriental sera édité en français et en anglais et diffusé au Liban, en Egypte, en Jordanie et au Maghreb. La parution de la 39e édition internationale du célèbre mensuel[[Une version spécifique de ELLE existe dans plusieurs pays]], qui devrait être tirée à 45 000 exemplaires, devance de quelques mois l’édition panarabe qui concernera Dubaï, le Koweit, Barhein, le Qatar, l’Arabie Saoudite et Oman. Désirée Sadek, la directrice franco-libanaise de la rédaction de ELLE Oriental, nous explique la naissance du média, qui devrait être disponible d’ici quelques jours au Maghreb.

Afrik.com : Pourquoi ELLE Oriental est-il né ?

Désirée Sadek : Il n’y avait pas de version orientale de ELLE, alors qu’il y en a une pour la Chine, Singapour, Moscou… Cela fait une vingtaine d’années que cela devait se faire. Il y a eu un concours de circonstances qui a fait que les responsables d’Hachette et moi nous sommes rencontrés et nous avons discuté de la façon de mettre en place un média qui épouse l’identité orientale et celle du magazine ELLE. C’était ça le challenge.

Afrik.com : Comment avez-vous collaboré avec ELLE ?

Désirée Sadek : Je suis totalement orientale et j’ai derrière moi 30 ans de journalisme en France. J’ai lancé Version Femme, qui est devenu version Version Femina, et le magazine Byzance, qui est un magazine de décoration orient/occident. La conversion orientale de Byzance a bien marché et ça a rassuré ELLE pour lancer sa version orientale.

Afrik.com : Existait-il une demande d’un ELLE Oriental ?

Désirée Sadek : Oui ! Ils recevaient beaucoup de courrier leur demandant : « A quand un ELLE Oriental ? » D’autant que les Orientales adorent le ELLE français car elles sont francophones. En terme de mode, il y avait besoin d’un support pour expliquer les tendances.

Afrik.com : Quel est l’objectif de ce magazine ?

Désirée Sadek : Souvent, l’image de la femme orientale reste cantonnée à celle qui porte le tchador. L’idée était d’avoir une femme orientale qui soit fière d’avoir son ELLE et que l’Occident apprenne à connaître la femme orientale. La femme orientale doit sentir que ELLE, c’est elle.

Afrik.com : Quelle est votre cible de lectrices ?

Désirée Sadek : La même que tous les ELLE : les femmes âgées entre 20 et 90 ans. Et aussi certains hommes.

Afrik.com : Y aura-t-il des variances dans le contenu de ELLE Oriental en français et en anglais ?

Désirée Sadek : Nous avons 20 journalistes et, ce qui est passionnant, c’est que la plupart d’entre eux sont bilingues. Il y a deux éditions distinctes du magazine, mais les photos seront les mêmes et les sujets seront globalement identiques. Il y aura une variante toutefois au niveau du ton, ce ne sera pas une simple traduction de l’un à l’autre. Il y aura une adaptation qui se fera par rapport à ce qu’attend la lectrice française et orientale.

Afrik.com : Quelles seront les divergences de contenu ?

Désirée Sadek : Pour les histoires vécues, par exemple, les lectrices arabophones attendent plus d’histoires people, un ton plus léger. Alors que dans le ELLE francophone elles cherchent plutôt une histoire bien écrite et qui suscite des questions sur un thème de société. Donc, dans ce premier ELLE Oriental, on a dans la version française l’histoire d’une mère obligée de quitter ses enfants, et dans la version arabe celle d’une femme dont le mari ne sait pas lui faire l’amour parce qu’il s’y prend mal. C’est la seule rubrique, avec celle des livres, où il y une variance de contenu.

Afrik.com : Quels thèmes abordez-vous dans ce premier numéro ?

Désirée Sadek : La frigidité, qui est un problème de couple et pas de la femme, même si les hommes ont tendance à rejeter la faute sur les femmes et qu’elles ne protestent pas contre cela. Nous traitons le problème de la garde des enfants, car les femmes n’ont pas le droit de les garder en cas de séparation, même s’ils sont en bas âge. Il y a aussi le portrait d’Elie Saab, le Libanais qui a notamment habillé Angelina Jolie pour le Festival de Cannes. Et il y a aussi un sujet sur Shakira et sur les ressemblances et différences entre les Occidentales et les Orientales.

Afrik.com : Avez-vous eu des retours depuis vendredi ?

Désirée Sadek : Comme il y a pas mal de culture dans ce numéro, beaucoup sont contents. D’autres voudraient plus de mode… Je m’attendais à plus de critiques, notamment du public francophone qui est très dur. Je craignais le pire, mais non. Les femmes sont contentes de trouver un magazine qui leur ressemble plus. C’est leur ELLE. Quant aux lecteurs arabophones ils sont satisfaits parce qu’il n’y a pas d’équivalent en langue arabe sur le marché. Alors c’est un joli cadeau. D’autant que la couverture est orientale et que nous n’avons pas choisi une star. Chaque mois, il y aura d’ailleurs une beauté arabe différente.

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