N’Diaye Bah : « Le tourisme est devenu le troisième produit d’exportation du Mali »


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Le ministre Bah retrouve le Mali dans le campement Tamana

Le tourisme malien se porte bien en dépit de la crise. Les autorités maliennes souhaitent développer davantage un secteur qui contribue à hauteur de 5% au PIB du pays. Le Mali entend faire concurrence à l’Afrique de l’Est dans un avenir proche. N’Diaye Bah, ministre de l’Artisanat et du Tourisme du Mali, évoque les ambitions de ce secteur.

Monsieur N’Diaye Bah, ministre de l’Artisanat et du Tourisme du Mali, était le 9 juillet au siège du voyagiste Point-Afrique, à Bidon (Ardèche). But de la visite : remettre à Maurice Freund, le président de la coopérative Point-Afrique, l’insigne de Chevalier de l’Ordre National du Mali. En compagnie du maire de Bidon, André Vermorel, le ministre malien a également inauguré le campement Tamana, village africain recrée par Point-Afrique au coeur de la garrigue ardéchoise.

Afrik.com : La nouvelle grille de programme de la télévision malienne consacre une émission au tourisme dans votre pays, « Mali Authentique ». Comment interpréter cette initiative ?

N’Diaye Bah :
Cette émission témoigne de la vitalité du secteur au Mali. Depuis 2002, le tourisme est devenu le troisième produit d’exportation du Mali après l’or et le coton. Le secteur touristique représente 5% du PIB et 10 000 emplois ont été créés. Notre pays accueille aujourd’hui plus de 250 000 visiteurs et il compte 517 hôtels. Le tourisme, c’est 57 milliards de F CFA d’investissements et 70 milliards de recettes.

Afrik.com : L’une des courroies de transmission de la crise financière internationale aux pays africains est le tourisme. Votre pays ressent-il les effets de cette crise ?

N’Diaye Bah :
Nous ne les ressentons pas. La représentante du voyagiste Point Afrique (En 1995, Gao a été la première destination avec laquelle le voyagiste a démarré ses activictés, ndlr) m’a fait savoir qu’elle avait augmenté son chiffre d’affaires de 30% sur la destination. Par ailleurs, Bamako accueille désormais de nombreux congrès et conférences internationales. Les hôtels ont par conséquent un bon taux de remplissage.

Afrik.com : Vous avez lancé l’année dernière le Salon international du tourisme de Bamako ( Sitour ) afin de promouvoir ce secteur ? Que nous réserve la prochaine édition ?

N’Diaye Bah :
Elle se tiendra du 15 au 18 octobre 2009. Nous insisterons cette année sur le tourisme durable parce que c’est celui qu’il faut développer chez nous. Nous voulons promouvoir un tourisme responsable. Pour cause, le Mali a fait du tourisme culturel et de l’écotourisme ses spécialités. D’une part, nous tenons à la préservation de nos sites et, d’autre part, à ce que le tourisme ait un impact sur les populations directement concernées. Ainsi, autour des lieux touristiques, plusieurs micro-projets se développent dans le domaine de la santé, de l’agriculture, de l’éducation et de la microfinance.

Afrik.com : Qui investit dans le tourisme au Mali outre l’Etat ?

N’Diaye Bah :
Le tourisme est devenu une priorité à telle enseigne que les institutions comme la Banque mondiale, le Programme des Nations unies pour le développement (Pnud) investissent dans le secteur. Les ONG et beaucoup de Maliens en font autant depuis des années.Ces derniers sont agents de voyage, sont présents dans l’hôtellerie, à côté, notamment des investisseurs libyens.

Afrik.com : Les Maliens, bien qu’accueillants, ne se sentent -ils
pas parfois envahis ?

N’Diaye Bah :
Il n’y a pas de tourisme de masse au Mali. Notre pays est une destination culturelle. Nous sommes d’ailleurs en train de restaurer des sites et monuments historiques. A Ségou, nous restaurons le palais médiéval de Biton Coulibaly, fondateur de l’empire bambara. Nous allons bientôt lancer les travaux de réhabilitation du Tata de Sikasso (la plus célèbre fortification malienne, elle est construite autour de la ville de Sikasso, ndlr).

Afrik.com : Quels sont vos autres projets ?

N’Diaye Bah :
Au ministère, nous sommes en train de terminer le shéma directeur du développement du tourisme pour la période 2010-2020. L’épine dorsale de ce shéma la culture. Les touristes viennent en Afrique pour se dépayser et se plonger dans la culture. Nous y privilégions également la préservation de l’environnement. Nous avons de nombreux parcs dans lesquels nous allons essayer d’introduire des espèces en voie de disparition afin de concurrencer l’Afrique de l’Est. Ils ont les animaux, mais pas la culture. Nous avons la chance d’avoir les deux.

Afrik.com : En dehors de la culture, qu’est-ce qui fait l’attrait de votre pays ?

N’Diaye Bah :
Le tourisme se développe à condition qu’il y ait la bonne gouvernance, la paix et l’hospitalité. Les Maliens sont hospitaliers et ouverts. Bamako est une des rares villes en Afrique où l’on peut se promener jusqu’à 6h du matin en toute sécurité. Ce n’est donc pas un hasard si les touristes viennent au Mali.

Afrik.com : Vous avez inauguré le campement Tamana, un village africain implanté en plein coeur de l’Ardèche et le dernier produit touristique du voyagiste Point-Afrique. Quelle place occupe-t-il au sein des tour-opérateurs français qui sont les plus actifs sur la destination Mali ?

N’Diaye Bah :
Les tour-opérateurs français représentent 60% des opérateurs touristiques qui promeuvent le Mali. Ils sont suivis par les Espagnols, les Italiens, les Allemands et les Américains. Dans ce paysage, Point-Afrique joue un rôle déterminant. C’est un partenaire stratégique. L’entreprise fait vivre des millions de Maliens de Gao à Mopti, pendant toute la saison touristique qui s’étend d’avril à octobre. Son offre vient en complément du tourisme haut de gamme au Mali.

Maurice Freund est fait Chevalier de l'Odre national du Mali
Afrik.com : Maurice Freund, le fondateur et président de Point-Afrique a été élevé au rang de Chevalier de l’Ordre National du Mali par le président Amadou Toumani Touré. Vous êtes venu lui remettre la distinction à Bidon, au siège de l’entreprise. Il a ouvert la destination Gao et il a été par ailleurs directeur d’Air Mali. Que diriez-vous de ce pionnier du tourisme au Mali ?

N’Diaye Bah : Maurice Freund est un vieil Africain. Un ami de l’Afrique, quelqu’un qui a cru en ce continent au moment où les autres n’y croyaient pas. Il a accepté d’investir : desservir à l’époque, des villes comme Gao, relevait de l’inconscience pourrait-on dire (le ministre sourit). Non seulement Maurice a osé tenté l’aventure, mais il l’a réussie. Il a fait de Gao une destination touristique, tout comme Mopti et le Pays Dogon.

Le ministre Bah retrouve le Mali dans le campement TamanaAfrik.com : Un mot sur ce campement Tamana qui fait la part belle au Mali avec ses cases baptisées Gao et Hombori, village situé au pied du mont éponyme dans la région de Mopti ?

N’Diaye Bah :
Il me rappelle le pays Dogon avec ses pistes escarpées, le relief assez montagneux. C’est un avant-goût extraordinaire pour un touriste qui souhaite visiter le Mali ou d’autres destinations africaines. C’est une opportunité formidable qu’offre Point-Afrique. Toute ma gratitude va au président Maurice Freund et à son équipe pour cette excellente initiative. Les Ardéchois, qui souhaitent prendre leurs vacances, peuvent venir faire un tour ici.

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