Les mystères sont légions autour de l’excision. Origine, significations du rituel et types de méthodes utilisées résistent farouchement à l’étude. Une production audiovisuelle de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) dresse l’état des lieux de nos connaissances.
On estime aujourd’hui à 130 millions le nombre de femmes excisées à travers le monde. Un chiffre qui démontre à lui seul l’importance du rituel, dans des communautés aussi diverses qu’éloignées géographiquement. Mais au fond, d’où vient l’excision ? Sur cette question, c’est encore le mystère qui prévaut. Une production audiovisuelle de l’OMS, La voie du changement, plonge au coeur de l’énigme.
Origine pharaonique ?
On connaît aujourd’hui avec précision l’origine géographique de l’excision. Elle serait apparue il y a près de trois mille ans en Egypte antique, où elle constituait une sorte de rituel de fertilité. On offrait à cette époque les parties excisées des femmes au Nil sacré. Pour autant nul ne parvient à déterminer qui a introduit cette pratique dans la région : les Egyptiens eux-mêmes ou des Ethiopiens installés en Egypte. Or, quand bien même on le saurait, cette origine lointaine n’éclaire pas tout. N’éclaire même rien, tant les justifications du rituel ont évolué au cours du temps. Elle n’explique pas par exemple pourquoi on retrouve l’excision au 19ème et au début du 20ème en Europe, où l’ablation du clitoris était censée guérir les femmes de troubles physiques et mentaux.
Pas davantage pourquoi une même pratique relève de motivations si diverses. Depuis la préservation de la virginité ou de l’hygiène jusqu’à l’argument religieux, en passant par des superstitions sur la mort du bébé à la naissance au contact du clitoris, les réponses des communautés qui pratiquent l’excision sont des plus variées. Or même l’argument religieux, le plus facilement vérifiable, ne tient pas. On trouve autant de musulmans, que de chrétiens ou d’animistes parmi ces ethnies. Quant aux chefs religieux, ils refusent aujourd’hui toute responsabilité dans la transmission de ces rituels, antérieurs et contraires selon eux au Coran comme aux Evangiles.
Quatre types d’excision
Même la diversité des méthodes utilisées lors de l’excision ne trouve pas d’explication satisfaisante. Quatre types d’excision sont recensés aujourd’hui sans qu’on puisse attribuer à chacun une signification particulière. Le premier (moins de 5% des cas) et le plus léger consiste en une simple ablation du clitoris, le second (80% des cas) excise également les lèvres internes, alors que le troisième et le plus radical, appelé infibulation (15% des cas), enlève tous les organes génitaux externes et coud l’orifice vaginal en ne laissant qu’une minuscule ouverture. Enfin le quatrième type regroupe toutes les autres pratiques depuis l’étirement, le grattage, le perçage du clitoris ou des lèvres jusqu’à l’introduction dans le vagin de substances corrosives ou de plantes.
Devant cette nébuleuse d’incertitudes, une seule chose est sûre : l’irréversibilité des dommages et les ravages physiques et psychologiques entraînés par ces pratiques. Aussi est-ce là-dessus que les associations contre l’excision ont décidé de s’appuyer. Avec un certain succès. Mais il y a encore fort à faire.