Le chef de l’Etat ougandais, Yoweri Kaguta Museveni, a vivement condamné la propension du gouvernement français à vouloir se mêler des affaires africaines. Il a dénoncé, en particulier, l’insistance de Paris à chercher coûte que coûte les auteurs de l’attentat contre l’avion de l’ex-président rwandais Juvénal Habyarimana.
Les journaux de Kigali (Rwanda) ont rapporté, ce mercredi, les propos tenus par le président ougandais, Yoweri Kaguta Museveni, dans une conférence de presse animée dans le palais présidentiel à Kampala, au sujet de la politique française à l’égard de l’Afrique.
D’après Museveni cité par le quotidien pro-gouvernemental rwandais, « The New Times », les récentes déclarations faites par le magistrat français Jean-Louis Bruguière n’étaient pas une des solutions immédiates à apporter pour résoudre les problèmes des Rwandais et des Africains en général.
« Ces Européens doivent être raisonnables. Ils devraient rester en dehors des affaires africaines. Et je leur ai dit cela récemment lors de mon dernier séjour à Bruxelles en Belgique », a dit le président ougandais au cours de sa conférence qui a duré deux heures de temps.
Apporter des solutions au Rwanda plutôt que des problèmes
Selon lui, le Rwanda est un pays qui a connu beaucoup de problèmes liés au génocide et qui a, par conséquent, besoin de personnes qui apportent des solutions plutôt que d’autres problèmes.
« Les Français étaient au Rwanda dans les années 1959 lorsqu’il y avait eu un premier génocide, mais ils n’ont rien fait pour intervenir. En 1959, des premiers massacres ont été perpétrés au Rwanda sous les yeux des colons belges. Ma question envers les Français est de savoir où est-ce qu’ils étaient à cette période », a martelé le chef de l’Etat ougandais.
On rappelle que le juge antiterroriste français Jean-Louis Bruguière avait obtenu récemment le feu vert du Parquet de Paris pour lancer des mandats d’arrêt contre des proches du président rwandais Paul Kagamé. Ces mandats d’arrêt visent notamment l’actuel chef d’état-major général des Forces rwandaises de défense, le général James Kabarebe, ainsi que le chef d’état- major de l’armée de terre, le général-major Charles Kayonga.
Le Rwanda, qui reproche à Paris d’avoir soutenu matériellement, financièrement et militairement la préparation et l’exécution des massacres, a immédiatement rompu les relations diplomatiques avec la France, jugeant la décision française « ridicule et motivée politiquement ».
Par ailleurs, les allégations du juge Bruguière sont intervenues peu après le démarrage, par une commission nationale rwandaise, des audiences publiques de témoins à charge contre le gouvernement français pour son implication présumée dans le génocide de 1994 au Rwanda.