Museveni au Soudan du Sud : une mission de paix sous tension


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Le Président ougandais, Yoweri Museveni
Le Président ougandais, Yoweri Museveni

En pleine crise politique au Soudan du Sud, Yoweri Museveni s’est rendu à Juba pour tenter d’apaiser les tensions entre Salva Kiir et Riek Machar. Derrière cette mission officielle, l’Ouganda cherche aussi à défendre ses propres intérêts stratégiques, alors que la paix reste fragile à l’approche des élections de 2026.

Le président ougandais Yoweri Museveni s’est rendu à Juba, la capitale du Soudan du Sud, dans un climat de tensions politiques exacerbées. Alors que la rivalité entre le président sud-soudanais Salva Kiir et son vice-président Riek Machar menace de replonger le pays dans la guerre civile, cette visite se veut une tentative d’apaisement. Mais derrière l’apparence d’une mission diplomatique, les intérêts ougandais ne sont pas absents.

Depuis plusieurs semaines, la situation politique au Soudan du Sud s’est fortement détériorée. L’assignation à résidence de Riek Machar et la répression des forces loyales à son mouvement ont ravivé les tensions entre factions opposées. Dans le nord du pays, des combats violents opposent l’armée gouvernementale aux rebelles de l’Armée blanche, alliés de Machar. La prise de la ville de Nasir par ces derniers a entrainé une escalade des hostilités.

Face à cette instabilité croissante, les États-Unis ont évacué une partie de leur personnel diplomatique, tandis que l’ONU alerte sur le risque d’un effondrement des accords de paix de 2018. Ceux-ci avaient permis à Machar de retrouver son poste de vice-président, mais la méfiance persistante entre les deux dirigeants entrave leur mise en œuvre.

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L’Ouganda, un allié historique de Kiir

Loin d’être un simple médiateur, Museveni est un allié de longue date de Salva Kiir. Lors de la guerre civile qui a éclaté en 2013, l’Ouganda avait déployé des troupes pour soutenir le gouvernement de Juba face aux rebelles de Machar. Aujourd’hui encore, Kampala apporte une aide militaire discrète à l’armée sud-soudanaise, notamment dans les affrontements au Haut-Nil.

Lors de son arrivée à Juba, Museveni a été reçu avec tous les honneurs : tapis rouge, garde d’honneur et rencontre en grande pompe avec Salva Kiir au palais présidentiel. Officiellement, les discussions ont porté sur la coopération bilatérale, le commerce et la sécurité régionale. Mais en coulisses, il s’agissait surtout de consolider l’emprise de Kiir et d’éviter un retour au chaos.

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Une paix fragile à l’approche des élections de 2026

Alors que le Soudan du Sud se dirige vers une élection présidentielle prévue en 2026, la viabilité des accords de paix est plus incertaine que jamais. Les purges au sein du gouvernement et la répression des opposants risquent d’exacerber les tensions, au lieu de les apaiser. Museveni, en tant que partenaire stratégique, joue un rôle clé dans cette équation, mais sa présence suffit-elle à garantir une stabilité durable ?

En dépit des appels au calme, le pays demeure sur une poudrière politique. L’avenir du Soudan du Sud dépendra de la capacité des dirigeants à trouver un terrain d’entente, sous l’œil attentif de la communauté internationale, inquiète de voir ce jeune État retomber dans la spirale de la guerre civile.

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