Le Président Roch Marc Christian Kaboré a été renversé depuis le 24 janvier. Le Burkina Faso n’est pour autant pas pacifié. Les djihadistes continuent, en effet, d’opérer en toute impunité dans ce pays. Mais les nouveaux dirigeants du pays des hommes intègres savent très bien que leurs compatriotes les attendent au tournant… de pied ferme.
Les premières semaines de la junte au pouvoir au Burkina Faso n’auront pas été des plus calmes. En effet, en quelques jours, le pays dirigé par le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba a essuyé plusieurs attaques djihadistes. La dernière en date a eu lieu dans la nuit du jeudi au vendredi où une mine d’or artisanale a été prise pour cible, dans le Nord du pays. « Plusieurs dizaines d’hommes armés à motocyclettes ont attaqué le site d’orpaillage de Kougdiguin » près de Barga, une localité située dans la commune rurale de Bouroum, dans la province du Namentenga. Les assaillants « sont des individus armés qui ont ouvert le feu sur les orpailleurs sans distinction. On enregistre des femmes et des enfants parmi les victimes », a confié un habitant à l’AFP. Au total, une vingtaine de morts pour un nombre similaire de blessés ont été dénombrés.
Ce bilan vient alourdir ceux des 10 et 12 mars derniers où d’autres mines d’or avaient été attaquées, faisant respectivement une dizaine de morts à Tondobi et 11 morts à Baliata. En trois semaines donc, environ 80 victimes civiles et militaires ont été enregistrées sur le territoire burkinabè. Et cela, le régime de transition en est bien conscient. C’est pourquoi Paul-Henri Sandoago Damiba a essayé de rassurer, dans son discours à la nation, vendredi dernier : « La recrudescence des attaques terroristes, ces derniers temps, ne peut pas et ne doit pas être lue comme le signe de l’inaction ou de l’inefficacité de ce que nous sommes en train de déployer sur le terrain », avait-il déclaré, annonçant par la même occasion l’ouverture prochaine d’un dialogue avec les groupes armés.
Paul-Henri Sandaogo Damiba sait que sur la question sécuritaire, il n’a pas d’excuse. Il sait bien que ses compatriotes l’attendent de pied ferme sur cette question qui a été à la base de son coup d’État. En effet, les militaires conduits par le lieutenant-colonel Damiba ont justifié leur putsch par l’incapacité du Président Roch Marc Christian Kaboré à juguler le terrorisme au Burkina Faso. Dès lors, ce dernier sait qu’il a une obligation de résultat, et qu’il sera jugé plus sévèrement que celui qu’il a renversé.