Le bras de fer continue entre le président zimbabwéen Robert Mugabe et les fermiers blancs. Sommés d’arrêter de travailler leurs terres lundi dernier, les fermiers sont passés outre la loi. Pour l’instant, le pouvoir n’a pas encore réagi.
Les 45 jours donnés par le gouvernement de Harare aux fermiers blancs pour abandonner leurs terres étaient écoulés lundi dernier. Près de 3 000 fermiers ont ignoré totalement la date d’expiration et continué de travailler. Le 10 mai dernier, le gouvernement a promulgué une nouvelle loi stipulant qu’un fermier dont l’exploitation a été désignée pour acquisition par l’Etat doit arrêter d’opérer 45 jours après avoir reçu des autorités l’ordre d’acquisition et doit quitter sa ferme 90 jours après. Les réfractaires sont passibles de deux ans de prison et de 300 dollars d’amende. Le syndicat des fermiers commerciaux (CFU), qui regroupe essentiellement les quelque 4.800 grands fermiers blancs du pays, entend engager un bras de fer avec le gouvernement. Quelque 2 900 fermiers, membres de ce syndicat, ont reçu l’ordre d’acquisition bien avant la promulgation de la loi.
Redistribution des terres
» La réforme agraire est réelle et irréversible. En conséquence, la loi s’appliquera pleinement sans aucune dérogation pour qui que ce soit « , avait déclaré la semaine dernière le ministre de l’Information, Jonathan Moyo. Les planteurs de tabac ont demandé un report de la décision jusqu’au début de l’année prochaine. Cette réforme vise à redistribuer à des Noirs sans terre la quasi-totalité de celles de la minorité blanche du pays qui, 22 ans après l’indépendance, possède encore 70% des terres les plus fertiles du pays. Depuis deux ans, l’agriculture locale a connu un formidable bond en arrière, mettant près de 70 000 ouvriers agricoles zimbabwéens au chômage.
Le Mozambique, contrairement à son voisin ombrageux, fait les yeux doux aux fermiers blancs zimbabwéens pour qu’ils viennent s’installer chez lui. Une politique qui commence déjà à porter ses fruits.
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