Mozambique : la paix est-elle menacée ?


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Renamo

Quelques jours après les élections du 15 octobre 2019 au Mozambique, la RENAMO, le principal parti d’opposition, a introduit, auprès du Conseil constitutionnel, un recours en annulation du scrutin. L’institution chargée du contentieux électoral vient de rejeter ce recours, ce qui fait peser de graves menaces sur la fragile paix que connaît le pays, depuis peu.

Les Mozambicains étaient invités aux urnes, le mardi 15 octobre 2019, pour des élections générales (provinciales, législatives et présidentielle), dans une atmosphère très tendue, faite de violences et de suspicions de fraudes. Alors que la Commission électorale avait donné pour vainqueur, le vendredi 18 octobre, le parti au pouvoir depuis l’indépendance du pays, le FRELIMO, avec 75% des suffrages exprimés pour le Président sortant, Filipe Nyusi, l’opposition conduite par la RENAMO de Ossufo Momade a crié à la fraude et a demandé une annulation de ces élections.

Le Conseil constitutionnel, juge du contentieux électoral, a rejeté le recours de la RENAMO en indiquant qu’elle n’avait pas fourni suffisamment de preuves pour obtenir gain de cause. Comme on pouvait bien s’y attendre, le parti dirigé par Ossufo Momade n’est pas prêt à accepter ce verdict du juge constitutionnel. « Si l’on veut sauver le Mozambique, les élections doivent être annulées », a laissé entendre le chef de la RENAMO.

Les propos du chef de la RENAMO sonnent-ils comme des menaces ? De telles affirmations peuvent faire craindre le pire quand on sait que l’histoire du Mozambique est faite d’une longue guerre civile ayant opposé le FRELIMO et la RENAMO entre 1976 (soit un an après l’indépendance) et 1992 où des accords de paix ont été signés. Ces derniers ont permis à la rébellion, la RENAMO, de se transformer en parti politique. Mais en 2013, la RENAMO avait repris les armes, et ce n’est qu’en août dernier que de nouveaux accords de paix ont été signés et prévoient la démobilisation de la branche armée du parti. Ce parti a justement rappelé, il y a quelques jours, qu’il tenait à sa promesse de désarmement de ses troupes, en dépit du contentieux électoral en cours.

« Les forces résiduelles de la RENAMO sont à Gorogonsa (centre, le fief de la RENAMO) et attendent tranquillement le processus de leur démobilisation, de leur désarmement et de leur réintégration sociale », a affirmé Jose Manteigas, un porte-parole du parti. Le problème, c’est qu’il y a une aile du parti qui ne partage pas cette position et revendique ouvertement des attaques meurtrières qui ont eu lieu dans la province de Sofala (centre du pays), en fin octobre. La paix semble donc être sur un fil de rasoir au Mozambique. Situation à suivre de près.

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Par Serge Ouitona, historien, journaliste et spécialiste des questions socio-politiques et économiques en Afrique subsaharienne.
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