Le Mozambique est l’un des pays les plus pauvres du monde. Mais à partir de 2018, la tendance pourrait s’inverser. Cap sur l’une des plus incroyables success story africaine.
Il est l’un des pays les plus pauvres du monde, la moitié de sa population vit en deçà du seuil de pauvreté. Et pourtant, son sous-sol vaut de l’or. Les réserves de gaz du Mozambique seraient les plus importantes au monde avec celles du Qatar et de l’Australie. Ce n’est pas tout, le Mozambique renferme d’autres richesses : mines de phosphates et de fer, rubis de grande qualité, hydraulique de ses fleuves ou encore essences de ses forêts. Autant de trésors vers lesquels les yeux de nombreux investisseurs sont braqués. Ce pays d’Afrique Australe, au large de l’Océan Indien, suscite les convoitises. A commencer d’ailleurs par les dirigeants mozambicains, impatients de transformer toutes ces richesses en argent.
Le Mozambique est en quelques temps devenu l’une des cibles privilégiées des pays émergents. Tous viennent au Mozambique pour les matières premières. Les richesses de son sous-sol sont connues depuis bien longtemps, mais les cours mondiaux ne permettaient pas de prendre le risque d’une telle aventure logistique, rapporte La Croix.
Quand certains prennent les devants
Il y en a qui n’ont toutefois pas attendu une montée fulgurante des cours mondiaux. Les sociétés des hydrocarbures Eni (Italie) et Anadarko (Etats-Unis) sont, pour l’heure, les deux principales compagnies présentes sur place. Elles visent l’exploitation des gisements situés dans le nord du pays, au large des villes de Pemba et Nacala. La production de gaz doit démarrer en 2018. A terme, elle devrait rapporter plus de 4 milliards d’euros par an au pays, soit plus d’un tiers de l’actuel PIB.
Côté charbon, c’est la brésilienne Vale à qui la production a été confiée. La société a déjà démarré ses travaux à Moatize, près de Tete, au nord-ouest. Les importants problèmes logistiques lui permettent tout de même d’acheminer jusqu’aux côtes 10 millions de tonnes de minerai. La production pourrait atteindre 100 millions de tonnes dans dix ans.
Les Chinois prennent aussi leur part. En attendant que les autorités leur cèdent des concessions pour exploiter le gaz autour du lac Niassa (nord-ouest), ils construisent aéroport et routes. Les Indiens plantent leurs graines un peu partout dans le pays. Quant aux Sud-Africains, ils se procurent de l’électricité grâce au barrage de Cahora Bassa (nord-ouest) et acheminent du gaz depuis la côte sud du Mozambique via la compagnie sud-africaine Sasol.
Joaquim Chissano, le businessman
Sous la présidence de Joaquim Chissano (1986-2005), le Mozambique est incontestablement devenu l’un des rares exemples de success story africaine. L’ex-président a réussi à vendre l’image de son pays aux bailleurs de fonds. En somme, une bonne partie du budget de l’ Etat est assuré par les aides publiques. En 2007, ces aides atteignent un pic record de 52%. Médicaments, salaires des instituteurs, routes ou encore futurs parcs nationaux sont financés par des fonds occidentaux.
Ces avantages ont toutefois des limites. Les bailleurs de fonds ont un pouvoir de contrôle incontestable. Face à des détournements de l’aide internationale dans le secteur hospitalier, les bailleurs exigent le limogeage de plusieurs responsables au ministère de la Santé, ce qui a été fait. Le budget mozambicain dépend également de la bonne santé économique des bailleurs. La crise économique des pays occidentaux passe également au Mozambique. Ainsi, les bailleurs de fonds ne règleront « que » 40% du budget mozambicain de 2013.
Des richesses à l’abri des regards
Les découvertes de gisements de gaz n’en finissent pas. En février dernier, la compagnie italienne Eni a fait une nouvelle découverte de gaz, sur le prospect offshore Coral 3. Un potentiel situé entre 120 et 2120 millions de mètres cube de gaz. Il s’agit du huitième puits foré dans la zone 4 à rencontrer sur 17 mètres un gaz de haute qualité.
Le Mozambique sort d’une longue nuit noire. Après cinq siècles de colonisation portugaise et seize années de guerre civile (1976 à 1992) qui a fait près d’un million de morts, le jeune Mozambique, indépendant depuis 1975, s’est réveillé riche. Une accumulation de richesses abondantes dont peu de Mozambicains connaisse l’existence et l’utilisation qu’en font les étrangers, avec l’aide des autorités locales. La corruption et les trafics illégaux, surtout avec les Chinois, d’après La Croix, laissent à s’interroger sur la manière dont les bénéfices de ces richesses seront partagés.
Alors que Maputo s’enrichit, le reste de la population continue de vivre dans la précarité. Les bailleurs de fonds et autres investisseurs ont encore la possibilité de faire pression sur le gouvernement mozambicain afin que les contrats et les richesses soient répartis équitablement. Car dans cinq ans, le Mozambique commencera à toucher la manne du gaz.