La cour d’appel de Niamey a ordonné, ce mardi matin, la mise en liberté provisoire « d’office » du correspondant de Radio France Internationale (RFI) au Niger. Les faits qui lui sont reprochés ont été requalifiés en « atteinte à l’intégrité du territoire national » pour entente avec le Mouvement des Nigériens pour la Justice (MNJ), fer de lance de la rébellion touareg. Il est renvoyé devant le tribunal correctionnel. Il encourt désormais un à dix ans de prison contre la perpétuité précédemment.
Voici plus d’un an que la communauté internationale attendait cette nouvelle. Ce mardi matin, elle est enfin tombée. D’abord la Cour d’appel de Niamey ordonne la mise en liberté provisoire « d’office » de Moussa Kaka. Ensuite, dans les heures qui suivent, le journaliste nigérien sort de prison à Niamey où il était incarcéré depuis septembre 2007, inculpé de « complicité d’atteinte à l’autorité de l’Etat » pour des liens présumés avec les rebelles touareg.
Moussa Kaka, également correspondant de Reporter sans frontière (RSF) et directeur de la radio privée Saraounya, bénéficie ainsi de la requalification des faits qui lui sont reprochés. Selon le délibéré énoncé par la présidente de la chambre d’accusation de la Cour d’appel de Niamey, Moussa Kaka devra désormais répondre de « délit d’atteinte à l’intégrité du territoire national pour entente avec les éléments du Mouvement des Nigériens pour la Justice (MNJ), selon l’article 80 du code pénal ». Le tribunal ordonne ainsi son renvoi devant le tribunal correctionnel de Niamey pour y être jugé. Il comparaîtra libre.
« Du début jusqu’aujourd’hui j’étais innocent »
A sa sortie de prison, Moussa Kaka était visiblement en colère. « C’était un complot depuis le début. Ils m’ont tendu un piège, je ne suis pas tombé dedans. Je suis très ému car je reviens de très loin, sincèrement à la limite des portes de l’enfer », a-t-il déclaré à l’AFP. « Du début jusqu’à aujourd’hui j’étais innocent. Seulement je leur « pompais l’air » en faisant mon travail de journaliste, alors il fallait qu’ils me mettent à l’ombre ».
D’après lui, les autorités nigériennes savaient « très bien » qu’il ne faisait que son travail. « Des fois, ils venaient eux-mêmes chercher des informations auprès de moi. Je n’ai rien fait de mal. Je garde la tête haute », a indiqué le journaliste. De son côté, Niamey n’a cessé d’affirmer que l’arrestation de Moussa Kaka n’avait rien à voir avec son travail de journaliste.
« C’est une demi-victoire mais une victoire quand même »
Pour l’heure, les poursuites contre le journaliste nigérien ne sont pas abandonnées. Les charges qui pèse contre lui ont juste été allégées. Et il encourt encore entre un an et dix ans de prison. Jusque-là, il risquait la perpétuité.
Pour son épouse, Djamila Kaka, jointe par la chaîne de télévision France 24, « c’est une demi-victoire mais une victoire quand même ». Ajoutant que «les autorités vont poursuivre leurs enquêtes. Et j’espère que ça s’arrêtera là, parce que Moussa n’est pas coupable. » Rappelons que, les seules preuves à charge contre le journaliste sont des écoutes téléphoniques, contenant des conversations avec, entre autres, Agaly Alambo, chef du MNJ.
L’incarcération du journaliste nigérien a été à l’origine d’une grande mobilisation internationale. Selon sa femme, citée par France 24, « ces marches et manifestations ont grandement contribué à la libération ».
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