Originaire de la communauté rurale de Diouroup dans la région de Fatick, une ville frontalière avec la Gambie, Moussa Gnome, la quarantaine révolue, travaille depuis des décennies comme charretier dans la capitale sénégalaise. Résidant dans le populeux quartier de Grand Yoff, il dit n’avoir pas embrassé le métier par le fait du hasard. En effet, il aurait un amour fou pour les chevaux. Comme tous les jours, il consacre une partie de sa journée après le travail pour bien prendre soin de sa jument.
Comme chaque matin, après la prière de l’aube chez les musulmans, Moussa Gnome quitte son domicile à Grand Yoff, pour retrouver son cheval qu’il parque soigneusement au bord du terrain de football de la Zone de Captage. Il nettoie l’animal et enduit son corps de beurre de karité, avant de démarrer une journée de travail. « C’est comme ça tous les jours, avant de mettre l’attelle à mon cheval, je m’assure d’abord qu’il a bien mangé, ensuite je vérifie son état de santé, avant de le nettoyer et lui mettre du beurre de karité. Pour vous dire, ce cheval n’est jamais tombé malade depuis que je l’ai acheté tout petit, il y a environ 7 à 8 ans. Chaque mois, je l’amène également voir un vétérinaire, pour une consultation et des traitements préventifs nécessaires », a déclaré Moussa Gnome, qui dit être propriétaire d’un autre cheval qui se trouve dans son village, à Diouroup.
La distance et la confiance en la personne qui s’occupe de sa jument ne l’empêchent pas de se renseigner, chaque jour, sur l’état de santé de l’animal et des soins qui lui ont été apportés. Au-delà de son amour, ces animaux lui apportent également son pain quotidien. « Une journée de travail avec ce cheval à Dakar, m’apporte entre 10 000 et 20 000 FCFA. Mais, cela dépend du marché. Seulement, ce n’est pas tous les jours qu’on arrive à gagner un tel montant, alors que nous sommes obligés d’assurer l’alimentation quotidienne de l’animal. Il nous faut en moyenne dépenser entre 2 500 à 3000 FCFA, chaque jour, pour assurer l’alimentation du cheval, sans compter les autres frais pour les soins. Je ne sais pas comment cela se passe chez les autres charretiers, personnellement, je m’occupe bien de mes chevaux, car j’aime trop ces animaux. Ce, depuis ma tendre enfance, lorsque j’étais au village », reconnaît-il.
« J’ai acheté ce cheval, à l’époque, à 250 000 FCFA, c’est-à-dire il y a plus de 6 ans. Mais si je devais le vendre aujourd’hui, je pourrais gagner plus du double du prix d’achat. Mais, je ne vends pas mes bêtes, car elles sont tout pour moi. Comme vous le voyez, je prends bien soin de mon cheval et nul besoin qu’un service de protection des animaux soit derrière moi pour me pousser à le faire. Je suis devenu automne grâce à mes animaux et ils font partie de ma famille », insiste, le râteau en main, balayant tout ce qui est ordure autour de son cheval, qui broutait tranquillement pour prendre des forces et préparer une autre journée de labeur.
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