Moulaye Haidara, 21 ans, a déjà plusieurs années de militantisme politique derrière lui. Son candidat, c’est l’ancien Premier ministre Ibrahim Boubacar Keïta. Pour Moulaye, ça ne fait aucun doute : c’est le futur président du Mali.
De notre envoyée spéciale à Bamako
» Allez-y ! Et bon courage, on compte sur vous ! » Moulaye Haidara utilise indifféremment le bamanan (la langue bambara majoritaire à Bamako) et le français pour remonter le moral des troupes. Aujourd’hui, il est de permanence au siège du parti RPM (Rassemblement Pour le Mali), le parti d’Ibrahim Boubacar Keïta dit IBK (ancien Premier ministre du président Konaré). Il est 17 heures et le dernier grand meeting d’IBK bat son plein au coeur de Bamako. Mais Moulaye est resté au siège, dans le quartier Hippodrome, à l’est du centre-ville, pour répondre aux différents militants qui appellent parfois de l’autre bout du monde. » Ceux-là téléphonaient de New-York ! » précise-t-il les yeux brillants.
Avec son tee-shirt de joueur de basket extra-large, rayé noir sur gris, son jean large et ses Nike dernier cri, Moulaye a d’ailleurs tout d’un jeune Américain. Cet étudiant en droit de 21 ans est pourtant un Malien pure souche, né à Gao, et venu faire ses études dans la capitale, accueilli par les oncles de la famille. » Bamako, Gao, c’est la même chose même si ma ville natale me manque un peu parfois. J’y retourne pour les vacances ! »
Dieu, le Mali, ma conscience
A Bamako, sa principale occupation, surtout depuis le début de la campagne présidentielle, est de soutenir le candidat qu’il a choisi. » J’ai commencé à militer lorsque IBK était Premier ministre. En 1999. Des Clubs de soutien avaient été créés et j’y ai adhéré. Pour moi, faire de la politique, c’est soutenir le candidat en qui l’on croit. Et je crois en IBK : c’est un homme de dignité, très franc, un rassembleur et un patriote qui aime son pays. J’ai apprécié son travail quand il était chef du gouvernement « , explique Moulaye, sans se départir d’un petit sourire. Il raconte comment IBK a résolu la crise scolaire de la fin des années 90. » Il y avait de nombreuses grèves à l’université et dans les lycées. J’y ai participé. »
Moulaye pousse ses copains ou d’autres jeunes comme lui à militer, énonçant avec fierté le slogan de son candidat : » Dieu, le Mali, ma conscience. Ça me plaît ! » Et s’il avoue que sa famille est » 100% IBK « , il se défend d’une quelconque influence. » J’ai suivi ma conviction. »
Moulaye se voit bien en avocat, attiré depuis l’enfance par ce métier. » Défendre les gens, c’est génial ! » Avec un père superviseur à l’aéroport et une mère ménagère, il est conscient de viser haut mais insiste : » Avec du travail, tout est possible « . Le jeune homme est au coeur d’une fratrie brillante : trois soeurs, deux frères, tous étudiants ou déjà dans la vie active. En rêvant à ses futures plaidoiries, Moulaye attend le scrutin de dimanche avec impatience et sait qu’il restera fidèle à IBK, même s’il n’est pas élu. » De toute façon, on ne va pas perdre ! » Moulaye a déjà l’un des atouts d’un bon avocat : la persuasion.