Le président Egyptien Hosni Moubarak est en visite officielle aux Etats-Unis depuis samedi. C’est la première fois qu’il se rend dans ce pays, depuis le refroidissement de ses rapports avec l’Amérique il y a six ans. Mardi avec Barack Obama, il va discuter de la relance du processus de paix au Proche Orient. Pendant ce temps, des opposants et des fidèles coptes dénoncent la violation des droits de l’Homme en Egypte.
L’heure est aux retrouvailles entre l’Egypte et les Etats-Unis. Deux mois après le discours du Caire dans lequel Barack Obama demandait au monde musulman de se réconcilier avec l’Amérique, Hosni Moubarak, le président Egyptien, a foulé samedi le sol des Etats-Unis, alors qu’il boudait ce pays depuis six ans. Le Raïs s’est fait accompagné de deux membres de son gouvernement, Abou Gheit et Youssef Boutros Ghali, respectivement ministre des affaires étrangères et ministre des Finances. Lundi et mardi, il doit discuter avec de nombreuses personnalités américaines. C’est le cas de la Secrétaire d’Etat Hillary Clinton et de l’émissaire américain au Moyen Orient, George Mitchell. Hosni Moubarak compte également rencontrer quelques-uns des anciens ambassadeurs américains en Egypte, et des cadres de la sécurité. Son agenda mentionne aussi des organisation juives américaines. Ce qui n’est pas une surprise, l’Egypte ayant signé un accord de paix avec Israël en 1979. Demain mardi, une rencontre est prévue avec James Johns, le Conseiller à la Sécurité intérieure, avant le tête à tête avec Barack Obama.
Une visite placée sous le signe de la réconciliation et la question du proche orient
Le dernier mandat de Georges Bush qui s’est achevé l’année dernière, avait cristallisé les mésententes entre Washington et le Caire. Celui de Barack Obama s’ouvre sous de meilleurs hospices. A la radicalité de Georges Bush, Barack Obama oppose un certain pragmatisme. La critique des violations des droits de l’Homme en Egypte était ainsi l’un des points de discorde entre Washington et le Caire. Georges Bush avait menacé de bloquer le paiement d’une partie du milliard et demi de dollars d’aide que son pays apporte chaque année à l’Egypte, si en contrepartie des efforts n’étaient pas faits en matière de droits de l’Homme. L’épineuse question du conflit Israélo-palestinien constituait l’autre pomme de discorde. Alors que l’Egypte souhaitait un arrêt de la colonisation israélienne en Cisjordanie, Georges Bush appuyait fermement l’ancien Premier ministre israélien Ariel Sharon, maitre d’œuvre des implantations coloniales. Barack Obama a choisi de rompre avec les positions de son prédécesseur. Et s’il se montre peu préoccupé, du moins pour l’instant des problèmes de droits de l’Homme en Egypte, il entend cependant travailler sur une paix juste au Proche Orient. D’un côté, il continue de garantir à l’Etat hébreu le soutien militaire des Etats-Unis. De l’autre, il exige le gel immédiat de la colonisation dans les territoires palestiniens.
Hosni Moubarak : personnalité clef dans le processus de paix israélo-arabe
Barack Obama sait qu’il peut compter sur son hôte dans ce dossier délicat. L’Egypte est l’un des partenaires clés des Etats-Unis au Moyen Orient. Hosni Moubarak œuvre par ailleurs à la cessation de la guerre fratricide entre le mouvement islamiste Hamas qui contrôle la bande de Gaza, et le Fatah du président Mahmoud Abbas. Le chef d’Etat américain devrait également lui demander de travailler davantage au progrès dans la normalisation des rapports entre les pays arabes et Israël.
De son côté, Hosni Moubarak insistera sur sa vision d’une solution à deux Etats. Pour y arriver, les Etats-Unis devront obtenir un fléchissement de la position d’Israël. Tel Aviv se refuse jusqu’ici à tout arrêt des implantations coloniales, alors que 300 000 juifs vivent déjà dans les territoires palestiniens.
Les deux chefs d’Etat vont également aborder la coopération économique, le nucléaire iranien, et la question des droits de l’Homme. Lundi, l’opposant égyptien Ayman Nour libéré en février après trois ans de prison, a accusé Barack Obama de négliger les droits de l’Homme. « Il y a un recul dans la promotion des valeurs défendues par Obama pendant sa campagne électoral (…). Cela trahit les valeurs américaines », a-t-il déclaré. Des fidèles de l’Eglise copte pourraient également manifester demain à Washington. Alors qu’ils constituent entre 6 et 10% de la population égyptienne, les Coptes se plaignent régulièrement de non respect de leur liberté de culte.