Plus de 100 morts à Nairobi suite à l’absorption d’un alcool frelaté. L’Eglise met en cause la misère et les manques de politiques sanitaires.
Au moins 130 personnes sont mortes en une semaine au Kenya, victimes du » chang’aa » – un alcool frelaté de fabrication artisanale, baptisé au gré des circonstances, » gin des pauvres » ou » kill me quick « .
Non seulement l’alcool qui a été mis en circulation il y huit jours était frelaté, mais on l’avait également coupé au méthanol. Selon un bilan encore provisoire, plus de 500 individus qui avait consommé ce poison pour l’équivalent de 10 cents américains le verre, sont encore hospitalisées à Nairobi, la capitale, dont nombre dans un état grave.
Les heureux survivants sont quasiment assurés de perdre la vue, le cocktail explosif attaquant d’abord le système respiratoire, puis les yeux, avant de provoquer la mort dans les huit heures qui suivent son absorption.
De la bière pour les pauvres
Douze femmes accusées d’avoir distribué le » chang’aa » ont été arrêtée. Mais les concepteurs du breuvage infernal courent toujours.
Cet atroce fait divers est en train de gagner le terrain politique. Une vague de mécontentement populaire s’empare de Nairobi, la capitale, accusant le pouvoir d’inaction en matière de politiques sanitaires.
L’opposition et l’Eglise se sont jointes aux mouvements de protestation afin que les autorités combattent la prolifération des bars clandestins dans les bidonvilles et les banlieues pauvres des agglomérations kényanes.
Six membres de l’opposition ont introduit une motion a Parlement afin de débattre sur cette tragédie. Le clergé a également souligné que celle-ci n’aurait certainement jamais eu lieu si les kényans ne s’étaient appauvris au point de ne plus pouvoir s’acheter une bière.
Le demi-litre de bière coûte 45 cents US. Trop cher au regard du revenu annuel moyen par habitant du kényan qui ne dépasse pas les 280 dollars. Près de 50% des 29 millions de kényans vivent en dessous du seuil de pauvreté.