Mortalité maternelle : l’Afrique subsaharienne concentre 70% des décès mondiaux en 2020


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Mortalité maternelle

En 2020, l’Afrique subsaharienne a concentré près de 70% des décès maternels mondiaux. Derrière ce chiffre alarmant, des systèmes de santé fragiles, des inégalités criantes et des reculs inquiétants. Donner la vie reste, pour trop de femmes africaines, un combat quotidien contre la mort.

Près de 70% des décès maternels mondiaux ont eu lieu en 2020 en Afrique subsaharienne. Malgré une baisse significative de la mortalité maternelle ces deux dernières décennies, la grossesse reste, pour des millions de femmes africaines, une aventure risquée, parfois mortelle. Derrière les chiffres glaçants, se dessine une réalité faite d’inégalités, de systèmes de santé fragiles et de reculs inquiétants.

Une amélioration freinée par des failles systémiques

Depuis l’an 2000, la mortalité maternelle a reculé de 40 % dans le monde grâce à un meilleur accès aux soins, à l’accompagnement médical durant l’accouchement et à l’extension des services de santé. Ce progrès, salué par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), n’a pourtant pas suffi à enrayer la vague de décès évitables sur le continent africain. Le Tchad, la République centrafricaine, le Nigeria et la Somalie figurent parmi les pays où le risque de mourir en couches est le plus élevé au monde.

Hémorragies, infections post-partum, prééclampsie, avortements non sécurisés : ces causes, souvent traitables dans les pays à revenus élevés, continuent de tuer en Afrique subsaharienne faute de soins adaptés ou d’accès rapide à un personnel qualifié. Dans les zones rurales ou en situation de conflit, les femmes doivent parfois parcourir des kilomètres à pied pour atteindre un centre de santé… s’il est encore ouvert.

Crises humanitaires et coupes budgétaires : un cocktail mortel

La pandémie de Covid-19 a brutalement révélé la vulnérabilité des systèmes de santé. En 2021, environ 40 000 décès maternels supplémentaires ont été enregistrés. La fermeture d’établissements, la pénurie de médicaments et la suspension de nombreux programmes humanitaires ont amplifié les risques. Plus récemment, les coupes dans l’aide étrangère, notamment de l’USAID, menacent de faire reculer les avancées durement acquises.

Dans certains pays d’Afrique centrale, une adolescente de 15 ans a une chance sur 24 de mourir à cause d’une complication liée à sa grossesse. À titre de comparaison, ce risque est de 1 sur 593 dans les pays les plus stables. Ce fossé statistique illustre non seulement l’injustice sanitaire, mais aussi l’urgence d’une mobilisation internationale.

Donner la vie ne devrait pas être une condamnation

Alors que l’OMS appelle à un renforcement urgent des services de santé maternelle et à une meilleure protection des droits sexuels et reproductifs, la réalité montre que la grossesse reste une épreuve périlleuse pour trop de femmes en Afrique. Pour que donner la vie ne soit plus une condamnation, il faudra non seulement investir durablement dans les systèmes de santé, mais aussi garantir un accès équitable à des soins de qualité pour toutes.

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