Sept ans après la mort de Zyed et Bouna, à Clichy-sous-Bois en 2005, la Cour de cassation a annulé ce mercredi 31 octobre le non-lieu prononcé en 2011 en faveur des deux policiers. Cette décision judiciaire sera donc suivie d’un nouveau procès pour élucider cette affaire, à l’origine des émeutes dans les banlieues françaises. Interview de Audrey Zaczynski, chargée de mission de développement local à ACLEFEU, l’association créée en 2005, à la suite du décès de ces deux jeunes.
Afrik.com : La Cour de cassation a annulé le non-lieu des deux policiers impliqués dans la mort de Zyed et Bouna. Quelle est votre réaction ?
Audrey Zaczynski : Une réaction positive forcément. On ne l’attendait plus. Sept ans après, on aura enfin un vrai procès. C’est dommage que cette décision ait pris autant de temps. Car les deux familles essayent de faire leur deuil.
Afrik.com : Pourquoi voulez-vous absolument un procès ?
Audrey Zaczynski : Pour dire qu’ils ne sont pas morts pour rien. En 2005, des choses très graves se sont passées. Mais, l’Etat n’a rien fait. On nous a parlé du Plan espoir Banlieues et du Plan Marshall. Au bout, rien ne s’est réalisé. ACLEFEU réclame juste que la lumière soit faite, en mettant les deux policiers devant leurs responsabilités.
Afrik.com : En cas de procès, quelles sont vos attentes ?
Audrey Zaczynski : La reconnaissance de la non-assistance à personne en danger. S’ils sont, quand même, acquittés, je ne sais pas s’il y aura d’autres moyens d’agir. On espère, en tout cas, un procès équitable et non, un effet d’annonce.
Afrik.com : Comment ce non-lieu a été accueilli à Clichy-sous-Bois ?
Audrey Zaczynski : La nouvelle a été bien accueillie. Le souvenir est toujours aussi présent dans les mémoires. Samedi dernier, un rassemblement a eu lieu en mémoire de Zyed et Bouna.
Afrik.com : En cas de condamnation des deux policiers, quelle sera votre réaction ?
Audrey Zaczynski : Cette décision judiciaire, si elle est prononcée un jour, favorisera les bonnes relations entre la police et la population de Clichy-sous-Bois. Car leur mort est symptomatique du rapport entre police et jeunes. En cas de la condamnation des deux policiers, le climat s’apaisera entre les deux parties.