Le porte-parole du gouvernement comorien, Abdourahim Said Bacar, a déclaré, samedi, que Moroni pourrait saisir Cotonou pour demander l’extradition de l’ancien président déchu de l’île comorienne d’Anjouan, le colonel Mohamed Bacar, arrivé samedi dans la métropole béninoise où il a obtenu l’asile politique.
« Le gouvernement est déçu par cette décision d’extrader le colonel Bacar de La Réunion vers le Bénin », a dit M. Said Bacar, qui n’a pas dit de qui son gouvernement est-il déçu.
« L’important, pour nous, est que le colonel Bacar soit jugé. Peu importe l’endroit. A Moroni ou ailleurs, l’essentiel pour nous est qu’il le soit. Nous ne laisserons pas faire tant qu’il ne soit pas entendu par un tribunal », a-t-il dit, réitérant ce qu’avait dit le président Ahmed Abdallah Mohamed Sambi, il y a plusieurs mois.
De son côté, le ministre d’Etat, Mohamed Abdou Bacar Dossar, directeur de cabinet du président Sambi et chargé de la Défense, le souhait des autorités comoriennes est de voir le président déchu « rendre compte de ses actes devant un tribunal ».
« Si la France a fait ce qu’elle a fait pour protéger Mohamed Bacar, nous nous attachons à ce que toutes les exactions subies par la population soient connues de tous. Mohamed Bacar doit impérativement être jugé », a insisté M. Dossar.
Le député de l’opposition Ibrahim Mohamed Sidi, vice-président de l’Assemblée nationale, s’est, lui, dit amer et déçu que le bourreau des Anjouanais ait pu échapper ainsi à la justice.
L’Union africaine (UA), la France et le gouvernement comorien sont tous, à ses yeux, responsables de la soustraction du colonel anjouanais à la justice.
« Je ne comprends pas le double langage de la France qui a soutenu les Comores à libérer Anjouan et aidé Mohamed Bacar à fuir la justice de son pays », a dit le député, avant de marquer sa surprise face au Bénin, « un pays membre de l’UA qui affiche une image démocratique mais accueille un dictateur pour le soustraire à la justice de son pays ».
Le député comorien s’est également interrogé sur l’attitude et le rôle de l’UA dans la situation du président anjouanais renversé en mars dernier par l’armée comorienne appuyée par l’organisation continentale.
» Nous ne pouvons pas dire ceci sans cela. Le gouvernement comorien est largement complice de tout car il ne donne pas les gages et les garanties d’une justice équitable, donnant ainsi des arguments aux complices du colonel pour l’extraire à la justice comorienne », a-t-il fait remarquer.
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