Depuis l’annonce du déroulement de la coupe du monde FIFA 2014 au Brésil, le gouvernement de Dilma Roussef a redoublé d’attention sur le problème de l’exploitation sexuelle des mineurs en engageant une campagne de sensibilisation, qui a été ravivée par l’affaire des maillots Adidas. Ces derniers ont prouvé que les clichés qui lient le Brésil et le sexe sont encore très tenaces.
Le président de la NFSSC (Nigeria Football and other Sports Supporters Club) Rafiu Ladipo a fait le 12 mai dernier une demande toute particulière à la cellule des Nations Unies qui lutte contre le virus du VIH, Onusida. Il lui a demandé de fournir 62 millions de préservatifs pour les supporters qui suivront leur équipe nationale jusqu’au Brésil entre juin et juillet 2014.
La demande a même provoqué un petit débat. Bilali Camara, directeur régional de l’agence, a affirmé que 2 millions de préservatifs devaient déjà être distribués et que ce serait assez. « C’est 2 millions de préservatifs qui devraient être distribués, et ce chaque jour de ce tournoi de 31 jours, alors je vous conseille vivement de fournir plus de préservatifs », lui a rétorqué Rafiu Ladipo.
Un amalgame qui dérange
Ce n’est pas la première fois qu’il y a un amalgame entre sexe et le Mondial 2014. Déjà en février dernier, l’un des sponsors officiel de cette Coupe du monde, Adidas, a crée un tollé en éditant des maillots aux logos jugés trop sexistes et incitant au tourisme sexuel. La marque à la fleur a même dû retirer de la vente les articles incriminés, après le soulèvement de plusieurs personnes, dont la ministre brésilienne des Politiques pour les femmes, Eleonora Menicucci.
« Il est inadmissible qu’une multinationale comme Adidas vende des t-shirts avec des images et des phrases qui lient le Brésil au tourisme sexuel. Elle manque de respect à notre pays et l’agresse en reproduisant un imaginaire que nous nous efforçons sans relâche d’enterrer définitivement », a déclaré la responsable politique.
La Présidente Dilma Roussef en personne y est allée de son tweet : « Le Brésil est heureux d’accueillir les touristes qui viennent pour la coupe du Monde, mais est également prêt à combattre le tourisme sexuel ».
Le Brésil, avec ses 200 millions d’habitants, est la sixième puissance économique du monde. Malheureusement, c’est aussi le lieu d’un tourisme sexuel très actif venant d’Europe et des Etats-Unis, même s’il existe aussi une très forte demande locale.
Le Forum national de prévention et d’éradication du travail infantile a estimé en 2012 que près de 500 000 enfants et adolescents y seraient victimes du commerce sexuel. Par ailleurs, certains articles de journaux soulignent le fait que la prostitution augmente sur les lieux où sont organisés les grands évènements. Pour cause, elle s’est déjà développée aux abords des chantiers des nouveaux stades. La pauvreté, les discriminations et la violence latente rendent attractive la venue de ces « riches étrangers » pour les familles les plus pauvres, qui voient dans le commerce sexuel une activité lucrative.
Une lutte en dehors des stades
Ce genre de raccourcis inquiète considérablement le gouvernement brésilien quant à l’essor du tourisme sexuel dans son pays lors des évènements majeurs qu’il abritera, à savoir la Coupe du monde cette année et les jeux Olympiques en 2016. Les ONG et les politiques ont déjà mis en place certaines mesures pour juguler l’exploitation d’enfants, d’adolescents et de toute personne fragile susceptible d’être exploitée.
Fin janvier, de grandes campagnes au niveau national et local ont été lancées. Celles-ci s’accompagnent d’un numéro court (le 100) pour dénoncer toute exploitation sexuelle de mineurs, la prostitution étant tolérée pour les personnes de plus de 18 ans.
Le 18 mai 2014, journée nationale de lutte contre l’abus et l’exploitation sexuelle des enfants et des adolescents, a été de nouveau l’occasion de sensibiliser et d’éduquer encore un peu plus la population sur ce fléau mondial, à moins d’un mois du match d’ouverture du Mondial.