Moncef Marzouki, l’un des plus fervents opposants de Ben Ali, vient d’être investi Président de la République de Tunisie. Il annonce la mise en place de nouveaux rapports avec la France et va nommer Hamadi Jebali, secrétaire général du parti islamiste Ennahda, à la tête du gouvernement.
Moncef Marzouki, chef du Congrès pour la République (parti de gauche) a été investi lundi 12 décembre 2012 Président de la République tunisienne sous les acclamations des députés qui criaient « fidélité aux Martyrs de la révolution! ». Moncef Marzouki, médecin, a vécu près de 20 ans en France, en particulier à Strasbourg ce qui lui fait dire : « Je suis probablement le seul Tunisien de la planète à parler alsacien » rapporte Le Figaro dans un très bon portrait. Moncef Marzouki fut après son retour en Tunisie, en 1979, président de la Ligue tunisienne des droits de l’homme jusqu’en 2001 où il dut repartir en exil en France. il revient au pays le le 18 janvier dernier, après la fuite de Ben Ali. Maintenant qu’il est au pouvoir : « «J’espère, dit-il, qu’il n’exercera pas sur moi ses maléfices », il compte mettre en place des relations normales avec la France : «Nous sommes condamnés à nous entendre. Nos amis français doivent s’adapter à la nouvelle donne. Ils n’ont plus affaire à des malfrats et doivent comprendre que nous ne sommes plus des clients, mais des partenaires. La Françafrique ne passera plus par la Tunisie. »
Moncef Marzouki va maintenant devoir nommer un chef de gouvernement, qui devrait être Hamadi Jebali, secrétaire général du parti islamiste Ennahda. Lors de l’investiture, quarante quatre élus ont décidé de voter blanc pour « marquer leur opposition aux pouvoirs jugés démesurés qui seront attribués au Premier ministre islamiste, au détriment de ceux du président élu », a expliqué à l’AFP Samir Bettaieb du Pôle démocrate moderniste (PDM, gauche).
Fouad Mebazaa, le président intérimaire, remettra officiellement les pouvoirs à Moncef Marzouki dès ce mardi au palais présidentiel de Carthage. Son mandat durera au moins un an en attendant l’adoption par l’Assemblée constituante d’une nouvelle constitution qui permettra de nouvelles élections.
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