Réda Doumaz s’est produit, dimanche dernier, au Théâtre national algérien, en célébration du 27e jour du Ramadhan. Et c’est devant une salle dégarnie que l’auteur et interprète de l’Aâyn ezzarqa et de Mel watni a dû défendre le patrimoine chaâbi.
A quelques pas aux alentours, Boujemaâ El Ankis et Nacereddine Chaouli, dans deux salles d’Alger, devaient eux aussi donner leurs récitals. Réda Doumaz tenait à ce que son passage au théâtre Mahieddine Bachtarzi soit spécial. Le décor offert par le théâtre lui servira à créer l’ambiance d’un chez-soi pour une qaâda. Wast eddar est le nom de la formation qui l’accompagnera. « Nos joies et nos tristesses se déversent dans notre patio. C’est un espace social que nous avons déserté, hélas ! Je ne sais si cela est dû à un concours de circonstances ou si c’est l’histoire d’une histoire qui doit se répéter », tel est le cheminement qui l’a conduit à choisir ce nom. Et pour qualifier le répertoire de madh qu’il a préparé pour cette célébration religieuse, il explique ses choix au public sous la forumule : « Classiques du chaâbi avec des touches personnelles ».
On est venu pour écouter Doumaz
Koul nour, El herme ya r’soul ellah, Sella âlik ya imam, entre autres pièces du patrimoine chaâbi, seront dûment revues pour une nouvelle écoute de ces standards. A la rigueur de l’interprétation instrumentale s’ajoutent des remaniements intelligents qui font couler les deux heures de concert en un rien de temps. « Mon rêve, c’est d’entraîner un public. Il était modeste ce soir, mais très présent. On est venu pour écouter Doumaz », note-t-il satisfait à la fin du concert.
Tempo innovant et justesse de la mesure servie par le métronome Abdelhadi seront l’ossature d’une interprétation qui n’a pas droit à l’erreur dans le milieu conservateur de la citadelle chaâbi. Doumaz rappelle d’ailleurs l’esprit de son travail : « Je ne fais pas de chaâbi pour les puristes, j’en fais pour tout le monde. » Le public applaudit aux istikhbars des qanoun et ney de la formation. « Le ney ou f’hal est un instrument qui a disparu avec Aami Mabrouk, il a tant à donner pourtant. » Ce sera le chef de la formation de zorna, Abderrahaman, « loup blanc de la musique classique », passée en première partie, qui accompagnera « le chaâbi de Doumaz ».
L’interprète présente sa formation. A l’occasion, la touche blidéenne que certains auront ressentie trouvera sa confirmation. « Cette ville recèle une très belle pépinière de musiciens », révèle Doumaz. La formation qui devait mener une opération de diffusion dans les lycées et universités a revu ses projets en raison des troubles qui ont secoué certains campus. Autrement dis, pas de projets imminents pour cet artiste qui a fait trois fois le tour d’Europe.
Aziz Yemloul