Mokobé du 113 aux Etats-Unis


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Mokobé
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Mon Afrique. En dix lettres, voici la déclaration d’amour audio faite par Mokobé au Continent. Le rappeur d’origine malienne a du vert-jaune-rouge dans les veines, et tient à le faire savoir au monde. Présent sur le territoire américain pour une série de prestations fin novembre, Afrik l’a suivi à Atlanta. Timing serré, décalage horaire et fatigue n’ont pas eu raison de la bonne humeur du membre du 113. Compte-rendu d’une escapade musicale au pays de Coca-Cola, Martin Luther King, et… Barack Obama.

«Les jaloux vont maigrir», dit l’adage populaire ivoirien. Mokobe Traoré, membre fondateur du trio à succès 113, aime ce proverbe. C’est son vademecum contre les haïsseurs de tout poil. Mokobe est un artiste accessible et sans complexes. Très peu pour lui le rôle de la star qui roule des mécaniques. Il est possible de le croiser, dans la même journée, chez son coiffeur Baba Cool, métro Chateau-d’Eau, et plus tard posant avec des fans sous les spotlight de la capitale française. On ne peut faire plus nature, surtout lorsque l’on compte plusieurs disques d’or à son actif. L’humour incisif des cages d’escaliers de Vitry-sur-Seine mixé au positivisme malien fait incontestablement recette. Dans le cadre de la promotion de son premier opus solo Mon Afrique, le membre de la « Mafia Africaine » a rendu visite à la communauté francophone du pays de l’Oncle Sam. Atlanta, New-York, Washington, et Montréal ont fait partie du programme de ce « Mokobe aux Etats-Unis », saveur 2008. Parfaite occasion pour flâner en sa compagnie, évoquer son actualité, et la suite de sa carrière. Affaire à suivre.

Un franco-malien dans la ville

Un vent frais, voire glacial, souffle sur l’Etat de Georgie en cette fin novembre, ce malgré l’omniprésence du soleil. Une nouvelle page de l’histoire des Etats-Unis s’est écrite, il y a peu, avec l’élection de Barack Obama, mais l’euphorie laisse dorénavant place à l’ordinaire. Tous les Américains attendent avec impatience de voir [en janvier prochain] la famille Obama prendre ses quartiers à la Maison-Blanche. En cette veille de Thanksgiving, l’aéroport Hartfield-Jackson d’Atlanta tourne à plein régime, compte tenu des traditionels déplacements familiaux. Pendant ce temps de l’autre côté de la ville, le Queen International Night Club s’apprête à accueillir, en soirée, Mokobé du groupe 113. Averti de l’arrivée du rappeur français par T-Mah, le directeur artistique de Konvikt Musik, label crée par la Superstar Akon, nous n’avions aucunes raisons de décliner l’invitation. Bien au contraire.

Le programme: aéroport-hôtel, hôtel-studio, studio-hôtel, hôtel-boîte de nuit. De quoi plaindre, un temps très court, les artistes pour ce train de vie éreintant. Notre rencontre avec Mokobé s’est déroulée sur le parvis d’une station service, tandis qu’il revenait d’un des nombreux studio d’enregistrement de la ville. L’époque où Atlanta n’était réputée que pour Coca-Cola n’est plus. Son rôle maintenant capital dans l’Entertainment US en a fait une plaque tournante incontournable pour qui veut s’imposer dans ce secteur. Quoi de plus normal, pour un artiste de passage, que d’établir des contacts. Poignées de mains et salamalèques effectuées, direction l’hôtel Westin, un imposant 5 étoiles situé sur Sandy Spring.

Du 113 à la carrière solo

Le temps de poser bagages dans les chambres du fastueux hôtel, et nous voici déjà en train d’interroger Mokobe. Programme du séjour étatsunien, album, projets à venir… Tout y passe. « Très franchement, je suis content d’être aux USA, à Atlanta en particulier. Je déplore juste le fait de ne pas avoir l’occasion de visiter plus longuement la ville. » Au sujet de son album solo, il poursuit: « J’en suis plutôt satisfait. J’incite, par ailleurs, les lecteurs d’Afrik à le découvrir, si ce n’est déjà fait. J’aimerais que le public aille plus loin que les singles. Mon album comporte 22 titres, dont des collaborations avec Salif Keita, Viviane et Youssou N’dour, Patson, Manu Chao, Amadou et Mariam, Tiken Jah Fakoly, Fou Malade, Seun Kuti, Gohou, Fally Ipupa, Diam’s, Dj Lewis, Sekouba Bambino, Babani Kone et Popa. Il a été enregistré entre le Mali, la Côte-d’Ivoire, le Sénégal et la France. C’est un bébé sans frontières. » Rayon projet: « J’ai l’intention, prochainement, de tourner le clip du morceau Beyonce Coulibaly*, nous annonce t-il, les yeux rivé sur l’écran de télévision. Après maintes investigations, nous avons enfin trouvé la personne idéale pour incarner ce personnage hilarant. Personnage qui existe en vrai, tient-il à préciser. »

L’heure d’élaborer le conducteur musical de la soirée en compagnie de son disc-jockey approche à grand pas, mais cela ne perturbe pas Mokobé outre mesure. Les va-et-vient des femmes de chambre mexicaines dans les allées du complexe hôtelier non plus. Il poursuit calmement: « J’ai un DVD en préparation. Il aura pour tâche de fermer la boucle de l’album. Ensuite, je repartirai avec le 113 et la Mafia K’1fry (ndlr, collectif avec Kery James et Rohff entres autres), avant de reparler éventuellement d’un autre projet solo. J’ai beaucoup appris en réalisant et en défendant Mon Afrique. A l’heure actuelle, j’ai une idée de l’orientation de mon deuxième album. Je peux d’ores et déjà annoncer qu’il contiendra moins de collaborations; dit-il avec ironie. » L’année 2009 s’annonce donc chargée pour le jeune homme de 32 ans. « Et ce n’est pas tout. J’ai rencontré les membres d’un groupe de hip hop et r&b d’Atlanta nommé American Yard [signature Konvikt Musik]. Un featuring est prévu pour bientôt, si tout va bien. » Ses détracteurs apprécieront sans aucun doute.

Ambiance francophone

Il ne fait pas de doute, Mokobé Traoré a le sens du spectacle. Preuve en est, l’aisance avec laquelle il a réussi à amadouer le public du Queen International Night Club. Quelque peu moribond, veille de Thanksgiving oblige, si l’on veut se trouver des excuses, l’assistance s’est peu à peu détendue. Avec l’aide de Manu Key [sur scène] et Dj Fly [aux platines], le Vitriot a assuré le show. Au final, pari relativement gagné pour Awa Ferrari, l’instigatrice de l’évènement, et Yves, le gérant du Club Queen. Ambiance afro-française garantie. Rien à voir, cependant, avec les nuits de folies musicales qu’on pourrait passer sur la Terre Mère. Les faroteurs de la diaspora locale, liasses de dollars en mains, fantômes sans doute d’une période où l’insouciance pécunière était de mise, firent également le spectacle. C’est donc dans la joie que s’est achevé la soirée. Sous les applaudissements des “go” africaines d’Atlanta. Mokobé, quant à lui, devait s’envoler dans la journée pour les autres étapes de son parcours américain, mais pas sans avoir serré des mains et posé avec ses fans. Qui est fou ?!

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